Chantiers du Maroc : Quel est votre sentiment après l’élection du nouveau bureau dont vous avez en charge la présidence?
Azdine Nekmouche : « Le processus qui a conduit à l’installation du nouveau bureau du Conseil de l’Ordre des Architectes a été marqué par un contexte difficile que vit la profession et une démobilisation notable des architectes pour cet exercice démocratique. La prise de conscience des 15 membres du CNOA de tous ces états de fait s’est manifestée dès la première réunion.
Le mot d’ordre aujourd’hui c’est que nous sommes 15 présidents responsables et engagés pour défendre les intérêts de la profession. Nous promettons labeur et abnégation à nos consœurs et confrères pour relever le défi de la modernisation de l’instance ordinale ; ça sera le lieu privilégié d’identification de la profession en mesure d’accueillir tous les Architectes quels que soient leurs modes d’exercice ».
La nouvelle équipe qui vient d’être élue, est-elle homogène ?
A.N : « Elle est plus que ça, c’est surtout une équipe très représentative des architectes dans la diversité des modes d’exercice de la profession.
Composée de 5 consœurs, 3 confrères de l’équipe sortante et 7 confrères avec pas moins de 3 ex-présidents de conseils régionaux ; c’est dire la chance inouïe qu’on a eue à élire tous ces profils pour négocier ce tournant historique que traverse la profession.
Nous avons hâte de commencer à travailler ensemble et je pense sincèrement que les actions qu’on va entreprendre prochainement vont mobiliser l’ensemble de la profession et non pas uniquement les 15 élus –Présidents ! ».
Quels sont les chantiers prioritaires ?
A.N : «Au CNOA fraîchement élu on aime à dire que la priorité c’est la profession. Les priorités et les dossiers sont connus de tous.
Les enjeux sont considérables par leur ampleur et leur urgence ; ils concernent l’instance ordinale qui doit absolument moderniser ses structures pour jouer pleinement son rôle de représentation, de contrôle et de promotion de la profession.
Mais aussi la consultation du CNOA par les pouvoirs publics qui doit être systématique eu égard à la compétence de l’instance ordinale pour toutes les questions qui touchent à l’architecture.
J’ai deux exemples pour étayer ces propos. Le premier c’est que l’institution ordinale doit avoir autorité pour contrôler et coordonner les procédures de concours : chaque concours devrait recevoir un « visa » de l’instance ordinale qui organise la participation des architectes dans les jurys. L’objectif final étant, clairement, d’obtenir des pouvoirs publics des règles du jeu claires et saines. Le deuxième dossier important est celui de la protection du titre, la procédure judiciaire et disciplinaire est nécessaire comme le respect des droits et obligations des architectes ».
Qu’en est-il de la relation entre l’Ordre des architectes et les autres professions ?
A.N : « Le CNOA a toujours joué -et continuera à le faire- pleinement son rôle de chef de file et de médiateur pour créer une vraie synergie entre tous les professionnels de l’acte de bâtir et d’aménager ».
Et les jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi ?
A.N : « Il faut donner à l’architecte la possibilité de s’épanouir dans son exercice, dès qu’il sort de l’école. Ce fait est primordial car on a des architectes qui, une fois diplômés, sont livrés à eux-mêmes. S’occuper des jeunes architectes est un devoir et une nécessité. Evidemment, on ne doit pas tout attendre des pouvoirs publics. Néanmoins, dans un monde en constante évolution, le CNOA aura la tâche d’accompagner les architectes dans leur conquête des marchés aussi bien intérieurs qu’extérieurs.
Dans cette quête de survie, une seule voie possible : évoluer et s’adapter pour réussir. Il y va de l’avenir d’une profession très liée à l’avenir de notre pays ».
Vos prédécesseurs n’ont rien fait pour l’EAC, quelle est votre position ?
A.N : « La problématique de l’EAC fait partie de l’enjeu de l’enseignement de l’architecture au Maroc.
Aujourd’hui, avec un nouveau gouvernement il, est nécessaire d’écouter le discours officiel qui en émanera par rapport à cette problématique ; ensuite le CNOA lui fera écho pour formuler sa position en tant que partenaire. Le Conseil National de l’Ordre des architectes doit impérativement s’intéresser à la formation ; vrai enjeu pour les futures générations d’architectes ».
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°150 – Mai 2017