Rachid HAOUCHE, Vice-président du conseil national des architectes, et cheville ouvrière d’un chantier de digitalisation de l’autorisation de construire, a éclairé sur la manière dont l’ordre prépare la digitalisation du métier d’architecte pour un meilleur contrôle de la chaîne de valeur de l’acte de construire et une lutte efficace contre les signataires. Dans son allocution, il a déclaré que « L’objectif est de faire adhérer et fédérer l’ensemble des acteurs de l’acte de bâtir pour plus de compréhension et de responsabilité de chacun. »
Pourriez-vous nous éclairer sur la méthode via laquelle l’ordre des architectes prépare la digitalisation du métier d’architecte pour un meilleur contrôle de la chaîne de valeur de l’acte de construire et une lutte efficace contre les signataires ?
Rachid Haouch : « Aujourd’hui, il y a 10% d’architectes qui s’accaparent 80% de la commande et 80% des petits projets sont accaparés par les signataires.
Il en résulte un paysage désolant, invivable et l’architecte en est devenu le bouc émissaire à abattre dans un système complexe. Pour y remédier, le CNOA propose une plateforme de dématérialisation du métier de l’architecte de la lettre de commande jusqu’au permis d’habiter.
La plateforme proposée concerne 3 piliers fondamentaux de l’architecture :
• La réalisation des demandes d’autorisations des grands projets, ainsi que la livraison du cahier de chantier
• la dématérialisation des petits projets par le CNOA
• l’observatoire de la commande publique et privée.
En ce qui concerne la gestion interne, un observatoire de la commande publique et privée a été mis en place, et aura pour objectifs :
• La surveillance et le contrôle des règlements de consultations et des concours.
• L’affichage des planches, des résultats et des notations.
• Les statistiques par types de projets.
• La programmation et les ratios au m² de plancher par type de projet…
Globalement, l’objectif principal de cette plateforme est de faire adhérer et fédérer l’ensemble des acteurs de l’acte de bâtir pour plus de compréhension et de responsabilité de chacun.
La plateforme contient plusieurs modules, qui seront mis en œuvre en matière de projets (petits et grands) en matière de gestion de la commande publique et privée. »
Comment les différents acteurs de l’acte de bâtir au Maroc peuvent-ils collaborer entre eux, dans le cadre d’une régionalisation avancée et avec l’introduction de la digitalisation des données ?
R.H : « Il faut tout d’abord emprunter les principes de l’urbanisme opérationnel, le plus important est de penser volonté globale et non pas sectorielle, en cherchant à créer un rapprochement entre les collectivités locales et la CNOA (le conseil national de l’ordre des architectes),
à revenir notamment à la vocation territoriale, car chaque région possède ses propres spécificités locales, et sans oublier d’assurer un environnement adéquat à ses pratiques, que nous pouvons définir de calamiteux aujourd’hui ».
Comment estimez-vous votre participation à ce forum en tant qu’architecte et membre actif du CNOA ?
R.H : « Le MIBAT a permis de cadrer et de définir le BIM et de permettre par ailleurs à l’architecte de reprendre sa place en tant que pivot de l’acte de bâtir et en tant que BIM Manager à part entière, suivant l’article 50 de la loi 12/90 qui définit la responsabilité de l’architecte de la conception jusqu’à la livraison de son ouvrage… »
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°163 – Juillet 2018