Abdelhamid KARIM est ingénieur génie civil. Il a passé toute sa carrière dans l’industrie de la construction notamment dans le béton précontraint et le béton prêt à l’emploi. Fort de ces expériences il vient de lancer CIMTEK, un bureau d’études et de consultation à destination des opérateurs sectoriels. Le secteur en avait bien besoin.
Pourquoi avoir choisi ces formations/ orientations ?

A.K : « Le marché du bâtiment connait depuis peu, une évolution très marquée vers l’industrialisation surtout dans les grands centres urbains. Les industries de la préfabrication et du béton prêt à l’emploi (BPE) connaissent une croissance soutenue malgré la crise du secteur depuis 2012.
À titre d’exemple, la part de ciment destiné à l’industrie du BPE a représenté, en 2020, 17 % de l’ensemble du ciment consommé au Maroc, sachant que ce chiffre dépasse les 25% dans les grandes villes.
Du fait de cette industrialisation, les opérateurs doivent développer les compétence techniques et commerciales de leurs équipes. Ces dernières doivent maîtriser les produits fabriqués et commercialisés et être capable de fournir le service après-vente technique correspondant ».
Quelles sont les modules que vous proposez ?
A.K : « Les formations techniques concernent : o Les ciments (fabrication, chimie et les phénomènes d’hydratation) o Les bétons (NM 10.1.008, les impacts de la qualité des différents composants, de la fabrication et du transport sur le comportement du béton)
Les formations commerciales sont orientées vers les démarches développées pour la fidélisation des clients et la vente des produits à haute valeur ajoutée (bétons spéciaux, bétons décoratifs) D’autres formations plus spécifiques concernent des thèmes particuliers : la durabilité, les pathologies des bétons dues à la mise en œuvre et à la qualité des composants du béton ».
A qui sont-elles destinées ?
A.K : « Elles sont destinées à un large spectre d’employés tels que les commerciaux, les responsables de fabrication du béton et les responsables en charge de la qualité. ».
Ces prospects sont-ils tous réceptifs ?
A.K : « Oui dans la mesure où le marché du BPE devient extrêmement concurrentiel, la seule différenciation reste dans la maîtrise des produits commercialisés mais aussi la capacité commerciale et technique d’offrir des produits spécifiques à haute valeur ajoutée (dégageant une meilleure marge au client)
Il faut savoir que la norme Marocaine du béton NM 10.1.008 est obligatoire pour tout opérateur dans le BPE. Et pour le respect de cette norme, la formation technique est primordiale. ».
Depuis quand la règlementation permet-elle de vendre du béton à la résistance alors que le béton dosé à 350 kg de ciment CPJ45 a régné pendant des décennies ?
A.K : « C’est vrai qu’avant cette norme, c’était un casse-tête pour les entreprises et les fournisseurs du BPE. Pour chaque projet, il fallait démontrer que la performance du béton ne pouvait être conditionnée par un dosage fixe en ciment. Depuis l’entrée en vigueur de NM10.1.008, cette anomalie a été réglée et les proportions de tous les composants du béton suivent des règles très strictes de formulation. ».
N’y a-t-il pas des dérives de la norme obligatoire 10.1.008 ?
A.K : « La NM 10.1.008 avait pris effet le 4 juin 2010 en annulant et remplaçant les anciennes normes NM 10.1008 et 10.1.011. Elle est d’application obligatoire, ce qui ne fut pas les cas des deux précédentes. Beaucoup de petits opérateurs dans le BPE ignorent ce caractère obligatoire et sous-estiment leur niveau de responsabilité dans le cas où la qualité de leur béton met en péril la stabilité de l’ouvrage ».
Beaucoup de sociétés se sont lancées dans le béton prêt à l’emploi (BPE) avec un minimum d’investissement en misant sur le matériel de location : les camions, la pompe, la chargeuse etc… Cela permet- il de garder un niveau de service et de qualité optimal ?
A.K : « Effectivement, l’investissement dans l’équipement d’une unité de BPE est aujourd’hui très accessible, mais l’équipement et les ressources humaines pour le suivi et le contrôle continu du béton sont souvent insuffisants au regard des exigences de la Norme. Cela représente un sérieux risque qui doit être traité par les organismes compétents (Associations professionnelles, ministères, IMANOR …)
Pourrait-on imaginer un jour au Maroc un centre équivalent au CERIB en France ?
A.K : NO COMMENT !
Propos recueillis par Fouad Akalay