José Rael : « Le BIM va au-delà de l’outil et nécessite de repenser de manière fondamentale les processus de collaboration entre les différents corps de métier ».
Lors du Forum, vous avez eu des échanges avec les professionnels marocains du BTP, comment avez-vous jugé leur intérêt pour le BIM ?
José Rael : Nous constatons un réel intérêt pour le BIM au Maroc, comparable à ce que l’on peut voir en France et plus largement en Europe. C’est un sujet et un processus qui intéressent beaucoup les professionnels de l’architecture et du secteur de la construction. Ils sont largement convaincus qu’il faut passer au BIM et ont parfaitement conscience du chemin à parcourir. Ces utilisateurs plébiscitent l’aspect collaboratif du processus BIM. Le terrain est d’ailleurs réellement favorable au développement du BIM : le Maroc est un pays très dynamique en termes de construction. Ses professionnels réclament désormais un accompagnement dans l’implémentation de ces nouveaux processus.
Comment situez-vous la pénétration du BIM au Maroc par rapport aux autres pays africains ?
J.R : Dans chaque pays d’Afrique où nous sommes présents, nous observons un intérêt croissant pour les technologies et la numérisation de la filière bâtiment. De plus en plus de professionnels du secteur se tournent vers le processus BIM. Ils ont conscience que la mise en œuvre de la maquette numérique est devenue inéluctable. Quand on observe la multiplication de mégaprojets qui impliquent plusieurs pays d’Afrique comme le gazoduc ouest-africain qui traversera une dizaine de pays, l’application des techniques BIM devient incontournable pour les mener à bien, la collaboration étant au cœur.
Au Maroc, le BIM est déjà là. L’écosystème local est bien développé. Le BIM commence à être déployé çà et là dans le pays via notamment des projets mis en œuvre par des grands groupes de construction comme Bouygues Construction ou Vinci Construction qui sont déjà passés au BIM depuis longtemps. Mais, le BIM se déploie également via de plus petites structures locales, telles que Atomas Ingénierie qui a témoigné lors de notre événement. Les retours d’expérience sont indispensables au bon déploiement du processus.
A votre avis, qu’est-ce qui va déclencher le processus de vulgarisation de l’usage du BIM ?
J.R : Pour encourager le déploiement du BIM, les pouvoirs publics sont un réel levier d’aide au développement. Recommander l’utilisation de processus numériques lors des appels d’offres de bâtiments et d’infrastructures publics est accueilli favorablement par les professionnels du bâtiment dans les pays où le gouvernement soutient la mise en œuvre de la maquette numérique. C’est le cas dans les pays nordiques comme au Royaume-Uni où le BIM est obligatoire depuis 2016 pour la commande publique.
C’est donc certainement dans l’implication du Gouvernement que résidera la clé du succès de la mise en œuvre du BIM au niveau local mais aussi via les projets menés localement par des grands groupes de construction internationaux étant déjà passé au BIM. Peu à peu, ils déploient l’utilisation de la maquette numérique en y intégrant les spécificités locales.
Le BIM est-il juste un outil numérique de plus ?
J.R : Il ne faut pas voir le BIM comme seul outil numérique. Le BIM va au-delà de l’outil et nécessite de repenser de manière fondamentale les processus de collaboration entre les différents corps de métier. Il faut l’intégrer dès la phase de conception. Nous accompagnons l’ensemble des acteurs de la filière au plus près pour les aider dans ce passage en les aidant à définir leur feuille de route, puis en leur fournissant les outils technologiques nécessaires à la bonne mise en œuvre de leur vision. L’abonnement à nos solutions permet de disposer en permanence de la dernière version du logiciel qui soit conforme aux réglementations locales.
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°164 – Août/Septembre 2018