Après ses études à Paris Anass AMAZIRH a longtemps travaillé en France en qualité d’architecte et maitre d’ouvrage avant de venir s’installer au Maroc. Cette expérience lui a permis d’acquérir une expérience valorisante, notamment dans l’immobilier professionnel : espaces commerciaux, industriels, logistiques etc. Le dernier projet livré à Casablanca concerne le nouveau pont du boulevard Mohamed VI ou la touche du concepteur nous rappelle la place centrale que doit occuper l’architecte dans l’aménagement urbain.
CDM // Vous venez de livrer « le nouveau pont urbain » du boulevard Mohammed VI à Casablanca ? Quelle a été votre participation à ce projet ?
« Suivant la terminologie consacrée, c’est un ouvrage de dénivellation du boulevard Mohammed VI aux croisements avec les boulevards : al Qods, Driss el Harti, Dakhla et Amgala en connexion avec la ligne de Bus à Haut Niveau de Service (BHSN) et le tramway (rires).
Notre mission n’est pas celle d’un architecte concepteur de pont mais plus celle d’un designer urbain, un accompagnateur ayant une vision artistique, urbaine et paysagère. En un mot : un créateur d’ambiances urbaines. »
CDM // Quelles étaient vos contraintes dans ce projet ?
« Elles étaient multiples, pour ne citer que les plus importantes :
- Le passage du tramway au milieu de la montée du pont ainsi que la jonction de ces routes au-dessus du tramway.
- Le virage du tramway et sa jonction avec les piles du pont.
- Le traitement urbain du pont proche des habitations.
- L’aménagement de la terre armée le long de la descente du pont et la mise en place d’une traversée piétonne qu’il a fallu assimiler, digérer et faire des propositions adaptées à ce contexte spécifique. »
CDM // Cela correspond à quoi concrètement ?
« Nous avons conçu, adapté et coordonné les éléments architectoniques suivants :
- Le traitement de la peau de l’ouvrage en béton brut, en lui assignant une texture.
- Le traitement des piles à l’échelle humaine / urbaine et dynamique (la vitesse des véhicules en mouvement).
- Le traitement de la tranche visible du pont avec un habillage urbain des pare-buffles et des corniches métalliques architectoniques avec une réflexion lumineuse judicieuse.
- Les aménagements paysagers et urbains environnants et leur intégration dans une vision globale.
- La mise en place d’éclairage d’ambiance décoratif mettant en avant les formes et les courbes du pont. »
CDM // Vous parlez de ces réalisations avec une fierté non déguisée. Était-ce si important ?
« Nous sommes fiers, en tant qu’architectes, d’accompagner les villes dans leurs visions architecturales et urbaines lors de la réalisation d’équipements d’infrastructures, de ponts, passerelles de parkings publics et des réaménagements de la décharge telle que celle de sidi Moumen actuellement en travaux.
L’architecte n’est qu’un maillon, et il faut féliciter les autorités en charge de ces questions de permettre aux architectes de jouer un rôle capital dans l’aménagement urbain comme cela l’a été par le passé dans les grandes métropoles. »
CDM // Parlez-nous du réaménagement de la décharge de sidi Moumen ?
« Actuellement nous réaménageons la décharge de Sidi Moumen en un espace récréatif sur 12 hectares et avec une hauteur d’accès de 15 m. Les nouveaux équipements urbains en sont :
- Espaces de jeux dédiés aux enfants divisé en 3 zones : 3 à 5 ans, 5 à 7 ans et de 7 à 11ans.
- Espace « service » avec une cafeteria, une terrasse avec des ombrières et surtout une vue sur la mer (un coté poétique au lieu).
- Espace dédié à l’activité sportive composé d’un terrain omnisport, skate-park, espace fitness et musculation ainsi qu’un parcours de santé (aspect socio -sportif)
- Espace culture/lecture avec une bibliothèque et un théâtre de plein air pour différents types d’animations
- Espace enseignement dédié à la sensibilisation à l’environnement et au développement durable pour les élèves, équipé de kiosques verts et un musée de l’histoire de la décharge.
- Le tout accompagné par une équipe de spécialistes dans chaque discipline.
En un mot au lieu de construire, nous transformons les ordures en esp aces de vie »
CDM // Au vu de ces projets, il nous semble que votre approche se situe aux marges de celle assignée à la mission traditionnelle de l’architecte ?
« En effet, ces projets permettent à l’architecte d’explorer d’autres horizons d’interventions. En qualité d’architecte nous avons la capacité de proposer des aménagements dans une vision propre à un contexte et une problématique donnée. Notre sensibilité entre le design, l’urbain et les flux de véhicules, nous permettent de nous adapter aux contraintes spécifiques de chaque projet. Toutes les villes, dans leur vision globale, devraient s’entourer de spécialistes des aménagements d’infrastructure urbaine et paysagère. »
Propos recueillis par Fouad Akalay