Trois articles dans cette édition sont consacrés à la gestion des déchets urbains, notamment celui qui a trait à la décharge de Médiouna, une commune située dans la périphérie Casablanca.
Il y a plus de trente ans, jeune directeur technique de la SMECC (Société marocaine des établissements Cantavénéra et Chisari), j’ai eu la chance de construire les infrastructures d’entrée et de sortie du nouveau marché de gros de Casablanca conçu par le duo Faraoui-Demazières.
A l’époque c’est la coopération canadienne qui avait offert à la ville la mise à niveau de ces ouvrages afin de les adapter à l’économie numérique, encore en balbutiement, puisqu’il fallait intégrer au génie civil les réseaux informatiques nécessaires à la gestion automatisée et informatisée des importants flux d’entrée et de sortie des camions.
Ces mêmes canadiens, que j’ai fréquenté pendant un an dans le cadre de ce projet, en avance technologiquement, avaient proposé à la ville de gérer gratuitement la gestion des déchets de cette décharge et, en contrepartie, étaient disposés à faire les investissements industriels nécessaires pour les transformer et les valoriser.
C’était sans compter sur l’indifférence des élus de l’époque qui, n’étant pas été « intéressés » par la proposition canadienne, ont opposé un net refus. Comment, vous nous demandez de vous donner nos détritus bien aimés ?
Résultat des courses : une décharge monstrueuse causant des dégâts environnementaux et sanitaires au delà de la zone de nuisance qu’elle couvre, puisque ses relents nauséabonds vont jusqu’aux délicates narines des résidents du golf de Bouskoura.
Il faut, donc, applaudir le séminaire organisé par le Cetemco sur la valorisation des déchets de construction, bien que je ne mise pas un copeck sur sa mise en pratique, à court terme. Pourtant, quand un pays veut « passer à l’action » et que la volonté de ses dirigeants est sincère il y arrive d’une manière visible et rapide. C’est le cas du Rwanda qui, bien avant le Maroc, a défrayé la chronique en septembre 2008, en devenant l’un des premiers pays au monde à interdire les sacs plastiques. Bien plus, Kigali, la capitale rwandaise est devenue, en quelques années, la ville la plus propre du continent Africain ; de quoi faire pâlir les villes marocaines les plus méritantes en la matière. Le Rwanda fait partie, aujourd’hui, des pays qui ont intégré croissance économique et protection de l’environnement dans leur planification de développement.
Aussi, dans cette coopération sud-sud que les spécialistes appellent de tous leurs vœux, je propose que nos gouvernants aillent, une fois n’est pas coutume, au Rwanda passer un stage de travaux pratiques afin d’appliquer les recettes de propreté environnementale qui semblent faire défaut sous nos cieux pieux.
Paru CDM Chantiers du Maroc n°166 – Novembre 2018
Fouad Akalay