Le dossier principal de cette édition porte sur le futur règlement acoustique commandité par le Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville au LPEE. Il a pour objectif l’établissement d’une réglementation acoustique avant et pendant la réalisation de tout projet de construction. La version finale, qui n’a fait l’objet d’aucune communication officielle, a été remise à son commanditaire en juin 2016.
Les sources sonores, en milieu urbain, sont nombreuses et peuvent provenir de l’extérieur des logements (bruit de transport, bruit d’activité commerciale) ou de leur intérieur (bruit de choc, bruit aérien ou bruit d’équipement).
Le bruit est aujourd’hui considéré parmi les principales sources de nuisance des temps actuels dont souffrent les populations urbaines. Il engendre des troubles de la vigilance, de l’attention et constitue un frein important à l’apprentissage. Il engendre le stress, provoque des maux de tête et des troubles du sommeil qui se répercutent sur la qualité de notre travail.
Mais, à ce jour, malgré la prise de conscience manifeste de nos dirigeants, il semble, en l’état actuel des choses, que la qualité acoustique des logements n’est pas considérée comme un problème majeur. Elle est ignorée puisque qu’aucune obligation n’exige des promoteurs du secteur privé à respecter un minimum de performance. Quelque soit le standing du logement et les sommes déboursées par les propriétaires pour son acquisition, la qualité acoustique de ceux-ci laisse à désirer quand elle n’est pas, la plupart du temps, tout simplement épouvantable.
Pour attirer le chaland, les promoteurs préfèrent investir dans le confort visible et clinquant : marbre au sol, carreaux d’importation, cuisines équipées… plus rentable que le confort invisible avec lequel, pourtant, on va devoir s’accommoder toute notre vie et qui va se révéler être le véritable baromètre de notre bonheur domestique : ensoleillement, bruit, isolation thermique, odeurs, humidité etc.
Le projet de règlementation réceptionné, voilà plus de deux ans déjà, dort toujours dans les couloirs des administrations. Il a pourtant eu le mérite de ne pas être, dans sa première mouture, trop exigeant en prenant en compte deux niveaux de performances.
Primo, celle dite de confort normal dont les exigences correspondent à un objectif minimal réglementaire à atteindre assurant, ainsi, une isolation acoustique appréciable.
Secundo, celle dite de confort supérieur dont les exigences correspondant à un confort optimal, apportant une plus grande satisfaction des usagers.
Comme beaucoup de textes qui trainent dans les couloirs du Ministère de tutelle dont le fameux Code de la Construction, qui a fait couler beaucoup d’encre sans voir le jour, le projet de règlementation acoustique attend également son jour de grâce.
Pourtant, il est très facile de mobiliser les énergies nécessaires pour le mettre en application dans les plus brefs délais. Il faut juste une volonté politique qui semble faire défaut aux responsables qui se sont succédé ces dernières années. Peut-être sont-t-ils en pleine méditation ?
Si c’est le cas, alors, silence on réfléchi !
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°165 – Octobre 2018
Fouad Akalay