Le monde du Bâtiment est plus que jamais en effervescence : l’informatique est passée par là ! Comme tous les autres secteurs d’activité, il a bénéficié des formidables avancées de celle-ci et des outils digitaux pour faire un pas de géant. Cela a engendré la révolution du BIM : Building Information Modeling, largement évoqué au Mibat.
Déjà obligatoire dans beaucoup de pays comme la Finlande, le Royaume-Uni, les PaysBas, les USA, etc., il le sera très bientôt dans d’autres comme la France et l’Italie. Dans un marché de plus en plus mondialisé, cette plateforme collaborative permet de traiter le même projet dans ses différentes phases de vie, de la conception à la maintenance en passant par la construction, par différents intervenants situés aux quatre coins du globe.
Selon une étude réalisée par Coopérative Research Center (CRC), il y a 30% de pertes dans le secteur de la construction à cause de la déperdition de l’information et du mode de travail insuffisamment collaboratif, ce qui a pour conséquence une augmentation du délai et des coûts de production. De plus, la divergence de formats des documents des différents intervenants fait que, pour un seul ouvrage, il existe une multitude de versions de plans.
Aussi, il ne faut pas s’étonner de constater que le BIM a été au centre des exposés et débats du MIBAT, organisé par Archimedia les 8 et 9 mai à Casablanca.
Les ingénieurs ont aussi eu leur moment de mobilisation avec les exposés sur les Eurocodes. Ces règlements ont été créés, à la faveur d’un constat
dansles années 60 de la commission Européenne,à cause de l’absence d’harmonisation entre les règles de conception et de calcul des structures de bâtiment.
Le but initial de cette volonté d’uniformisation est de limiter les disparités qui existent dans les différentes règlementations nationales, ce qui a pour effet d’entraver la libre circulation de l’ingénierie et de l’architecture au sein de la communauté européenne.
Dans ces pays, la responsabilité des gestionnaires de la chose publique est de gérer anticipativement les avancées, nécessaires, de leurs sociétés pour qu’elles restent intégrées dans le concert des nations.
Lors du forum MIBAT, il a été constaté, avec regret, une absence totale des institutions ayant en charge ces problématiques. Aucun architecte, ingénieur ou cadre des institutions publiques responsables, à leurs têtes les Ministères de tutelle, ne s’est donné la peine de se déplacer pour écouter, échanger et rapporter à défaut de contribuer.
Cela prouve, s’il en est besoin, l’immense fossé entre les opérateurs du secteur privé, venus nombreux pour apprendre et rencontrer leurs futurs partenaires et prestataires de service. Ils sont mus par une quête permanente de savoir afin de « rester à niveau ». Une condition essentielle de plus en plus nécessaire pour accéder à certains marchés, mais également protéger le marché national, de plus en plus sujet aux appétits féroces d’opérateurs étrangers déjà aguerris et en avance sur les pratiques du BIM. Quant à l’usage des Eurocodes, la plupart des projets financés, en tout ou en partie par la CE, il est déjà imposé par les bailleurs de fonds et certains bureaux d’études, clairvoyants, se sont déjà pourvus en ressources nécessaires sans la moindre initiative étatique.
L’administration Marocaine, en déconnexion totale avec la réalité du terrain, est responsable de cet échec monumental constaté lors de ce forum précurseur. Elle est totalement absente et n’a pris aucune initiative pour anticiper les changements qui se produisent sous son regard impassible.
Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire !
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°163 – Juillet 2018
Fouad Akalay