A l’heure de la communication et de l’ère numérique, les contrôleurs techniques de la construction, autrefois organisés sous la dénomination de la COPRES, viennent de se constituer en créant la Fédération marocaine des essais et du contrôle. Cette dernière est composée de trois associations qui sont l’AMBC (Association marocaine des bureaux de contrôle ), l’AMLEC (Association marocaine des laboratoires d’essais et de contrôle) et la SMG (Société marocaine de géotechnique).
Ce rassemblement n’est pas anodin et démontre la ferme volonté de ce chaînon fondamental dans l’acte de bâtir, de mieux définir son rôle et ses responsabilités auprès des institutions comme des autres opérateurs de l’acte de bâtir.
Pour être l’un de ceux là depuis maintenant 35 ans, nous avons fait le constat suivant. Sans chauvinisme aucun, nous constatons qu’aujourd’hui ces organismes sont entièrement composés d’une l’élite nationale compétente. Des ingénieurs formés dans les meilleures écoles marocaines ou étrangères, alors qu’au début de notre carrière, les quelques entreprises officiant dans ce domaines étaient des filiales de sociétés principalement françaises avec, à leur tête, des techniciens expatriés chevronnés qui ont eu toute notre estime. Avec leur remplacement progressif par des compétences marocaines, l’émancipation de l’ingénierie du contrôle national est, aujourd’hui, un processus arrivé à son terme.
Le deuxième constat est le nombre important des intervenants dans ce domaine. Le temps où une poignée d’experts étrangers « faisaient la loi » est révolu. Comme dans d’autres pays émergents, il y a aujourd’hui des petits et grands bureaux de contrôle nationaux. Les grandes structures jouant dans la cour des grands et les plus petites investissant des marchés plus petits.
La proximité géographique représente un atout indéniable en matière de disponibilité puisque le contrôle technique, autrefois cantonné à Casablanca, voire Rabat ou Agadir, à cause des funestes circonstances que le Maroc a subi, connaît aujourd’hui des implantations dans les principales villes du royaume.
C’est dire tout le chemin parcouru, depuis l’indépendance, par ces ingénieurs de l’ombre qui forment le dernier maillon de cette chaîne de valeur qui érige nos villes et nos infrastructures et dont ils ont en charge la prévention des risques et des aléas techniques.
Ce long chemin ne s’est pas fait sans embûches car ils ont dû se battre à la sueur de leur front contre un hégémonisme cherchant à les inféoder sempiternellement, mais également contre les prises de positions iniques de certains décideurs nationaux qui ont abusé du pouvoir dû à leur situation. Au lieu de se servir de cette rampe de lancement pour accompagner l’ingénierie nationale du contrôle technique naissante, et transformer leur entreprise en véritable incubateur, ils ont usé de tous les subterfuges pour annihiler et briser les initiatives naissantes des jeunes ingénieurs résolus à voler de leurs propres ailes. Victimes et bourreaux se reconnaîtront !
Maintenant que la page de cette triste histoire est consignée noir sur blanc dans ce magazine, elle peut être tournée. Désormais, tout est sous contrôle !
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°150 – Mai 2017
Fouad Akalay
