Les récentes compétitions de construction durable destinées à créer une émulation dans l’architecture bioclimatique alliant qualité des espaces de vie, économie, voire autonomie énergétique et couts ont mis en avant de jeunes architectes débordant d’imagination et de créativité dont il faut saluer, bien bas, le travail.
Il s’agit d’abord des lauréats des Green Buildings Awards, une compétition initiée par le réseau international Construction 21, au départ français et qui s’est ouvert petit à petit sur l’international. Le Maroc est un des premiers pays à avoir adhéré au concept.
Layla Skali a magistralement réussi l’exercice en donnant tout un sens à son engagement infaillible et pérenne envers la construction durable et en le transmettant, par ricochet, à celui de la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, son commanditaire. Sa proposition architecturale fait le tour de la question de l’habitat bioclimatique au Maroc et tous les ingrédients d’une architecture à la fois contemporaine dans son expression et son usage et « frugale » dans ses concepts constructifs, pour reprendre les termes de Philipe Madec, Alain Bornarel et Dominique Gauzin Muller Bornarel, et y sont intégrés.
Il y a aussi la proposition du talentueux couple d’architectes MS et Moulin, la maison autonome B, produit d’une réflexion architecturale minutieusement élaborée et dont les principes de construction, dénotent d’une approche contextuelle qui peut faire office de modèle.
Ces deux projets et leurs concepteurs forment à eux seuls une école de pensée dont il faudrait en disséquer la substantifique moelle au bénéfice de leurs confrères actuels et ceux en devenir. Ils méritent que les projecteurs se braquent sur eux afin d’en faire des exemples à suivre et les encourager afin de leurs permettre d’avancer dans leurs recherches, de les consigner et transmettre leurs connaissances. A contrario, feu l’ADEREE, Agence de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, enterrée il y a quelques temps avec pertes et profits, devenue aujourd’hui l’AMEE a jeté par les fenêtres 10 millions d’euros destinés à 9 projets, dits exemplaires, en les distribuant à des entreprises qui n’en n’avaient pas besoin afin de les aider à financer des isolants thermiques, du double virage et autres panneaux solaires. Un gâchis monumental quand on sait que cette somme d’argent très importante, distribuée à quelques promoteurs choisis au bout d’un laborieux et dispendieux appel d’offres aurait pu servir à aider, dans leurs projets et recherches, des inventifs et téméraires, de vrais patriotes comme les lauréats cités plus hauts et dont la démarche plus intelligente et globale aurait fait plusieurs émules.
Il aura fallu qu’un organisme étranger vienne nous organiser l’édition marocaine des Global Awards pour que nous découvrions que nous avons, sous notre beau ciel bleu marocain, des compétences à faire valoir !
Il en est de même du Solar Décathlon où s’est du pays de l’oncle SAM que vient l’idée de créer un Solar Décathlon Africa pour découvrir que les synergies entre architectes et ingénieurs fonctionnent et que les universités, étrangères comme marocains, recèlent des talents insoupçonnables.
Loin de moi l’idée de bannir l’ouverture vers l’international et du repli sur soi, tant je suis convaincu que cette démarche peut, au contraire, être riche et fructueuse. Par contre ces organismes et institutions, que les contribuables financent, devraient mettre en place en parallèle une stratégie nationale pour l’émergence de talents nationaux.
Fouad Akalay
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°177 – Novembre 2019