Le BTP turc au Maroc entre discrétion et efficacité
Au Maroc, les entreprises de bâtiment et de génie civil turques brillent aussi bien par leurs performances que par la discrétion dont ils font preuve.
Bien que le pays d’Atatürk connaisse, depuis plusieurs années, des épisodes politiques douloureux et déstabilisants, ses entreprises du BTP connaissent, sous nos cieux, depuis une quinzaine d’années, un destin très heureux avec la concrétisation de multiples marchés de travaux totalisant plusieurs milliards de dirhams.
Aucune infrastructure ne leur échappe : barrages, ponts, routes, autoroutes, industrie…et leurs ingénieurs sont partout présents, sillonnant inlassablement le territoire national.
Le commun des mortels ne va découvrir la présence turque que lorsque celle-ci se présente près de chez lui, en zone urbaine, avec les travaux du tramway de Casablanca menées de main de maitre par Yapi Merzeki au point de se voir attribuer, récemment, l’extension de la seconde ligne !
Comment ces entreprises ont-elles supplanté en quelques années les majors du BTP Français, Italien et Espagnol dont le Maroc a été pendant longtemps la chasse gardée?
Encore plus fort : comment ces entreprises font-elles pour concurrencer leurs consœurs marocaines qui ont l’avantage de la langue, de la connaissance du milieu du BTP, des fournisseurs et autres opérateurs, du terrain et surtout celui des arcanes de l’administration, véritable écheveau dont ne sortent sains et saufs que les plus aguerris et les plus perspicaces ?
Et la prouesse ne s’arrête pas là, puisque la plupart du temps ces entreprises sont confrontées à des donneurs d’ordre publics qui appliquent les critères de préférence nationale pénalisant l’offre financière étrangère de 15% !
Les différents entretiens que nous avons eus avec chacun des acteurs de cette réussite, dont il faut saluer l’exploit, nous renseignent sur les approches individuelles de chacun. Avec un tableau de chasse impressionnant, les entreprises turques doivent donner à réfléchir à leurs concurrentes marocaines pourtant présentes sur le sol national bien avant elles.
Pourquoi ne sont-elles pas assez compétitives et comment gèrent-elles leurs chantiers ? Leurs offres techniques ne sont-elles pas assez ingénieuses ? Sont-elles trop gourmandes en termes de marge ?
Autant de question auxquelles le nouveau président de la FNBTP devra s’atteler pour une meilleure compétitivité de l’entreprise nationale : un chantier multiforme qui nécessitera à ses conseillers un nouveau souffle et beaucoup de dextérité loin de l’apathie qui a caractérisé les multiples mandats de son prédécesseur, Bouchaib Benhamida, malgré les quelques succès relatifs qu’on peut mettre à son actif.
Telles sont les vertus de l’ouverture qui a toujours permis au Maroc de renforcer sa compétitivité et d’être, aujourd’hui, au cœur de la conquête de l’Afrique !
Fouad Akalay
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°147 – Février 2017