Le ministère de l’Équipement vient de lancer un projet qui devrait déboucher, à terme, sur un guide de la conception bioclimatique des projets d’équipements publics.
Ce guide devrait être mis à la disposition « des cadres et techniciens de la Direction des équipements publics et des autres intervenants dans le secteur des bâtiments publics » leur permettant de comprendre les bases et les techniques de la construction bioclimatique et pouvoir améliorer le confort thermique de ces bâtiments.
Cette initiative peut paraitre quelque peu saugrenue et inappropriée puisqu’elle pourrait être interprétée comme une entrave à la création architecturale car elle procurerait aux agents de l’administration le pouvoir de contrôler l’ensemble du parti pris architectural, au détriment de la réflexion de synthèse, dont le rôle est dévolu à l’architecte. Lui seul a la maitrise globale du projet et peut faire les arbitrages nécessaires dans la forme, la fonction, la distribution, l’orientation, la règlementation etc.
D’un autre côté, mettre à la disposition des agents de l’administration une base de connaissance en architecture bioclimatique leur permettra de mieux appréhender le processus de création et être en mesure de comprendre le maitre d’œuvre qui, de son côté, devra être plus vigilant et ne pas se contenter de proposer une conception arbitraire et sans fondement. Voire un projet aux antipodes de la rationalité sous prétexte que les volumes sont beaux, images de synthèse séduisantes à l’appui.
Le projet d’étude prévoit que « Les points abordés doivent être traités selon une approche et un concept bioclimatique en tenant compte des spécificités de chaque région du Maroc et traiter, entre autres, le plan d’implantation, d’aménagement et choix de l’orientation, le plan architectural et agencement des composantes du bâtiment selon la fonction, l’usage et l’occupation ». Des paramètres que chaque futur architecte, en formation, devrait maitriser parfaitement avant de sortir, diplomé, de son école d’architecture.
A l’époque de « l’architecture objet » et où la recherche de l’esthétique prime sur tout autre considération, ce guide pourrait conduire à produire une architecture d’un consensus d’un genre nouveau. Une architecture d’une frugalité heureuse, je dirais pour ma part « vertueuse », proposé par le trio Alain Bornarel, Dominique Gauzin-Müller et Philippe Madec dans leur, désormais célèbre, manifeste.
Avec ce guide en gestation serait-on, enfin, sur le bon chemin ?
Fouad Akalay, architecte
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°173 – Juin 2019