À l’heure du dérèglement climatique et de la pandémie, existe-t-il encore une ville idéale ? Entretien avec l’architecte Vincent Callebaut dont les bâtiments végétalisés s’efforcent de réconcilier la nature et la ville.
Dans le 13ème arrondissement de Paris, un exosquelette en bambou vient aider l’immeuble à supporter la charge des balcons végétalisés – Vincent Callebaut Architectures
C’est quoi exactement la “ville idéale” ?
Le schéma de la ville idéale est plutôt une idée du XXème siècle. La génération de nos parents et de nos grands-parents nourrissait le rêve d’avoir un pavillon familial avec un jardin privatif, en dehors de la ville. Ville qui elle-même avait été imaginée par les modernistes – notamment par Le Corbusier – comme un organisme vivant où chaque quartier représentait un organe. Ça donne les villes hyper-énergivores que l’on a connu à la fin du XXème siècle. C’est à dire des villes qui avaient été pensées de manière mono-fonctionnelle : un quartier d’affaires à La Défense, un centre ville muséifié, des quartiers bourgeois, des quartiers pour les immigrés, des habitats pavillonnaires en banlieue…
Ce schéma a rendu possible l’explosion de la dépendance à l’automobile et l’étalement de la ville. Une ville qui dépense beaucoup d’énergie pour se chauffer, pour s’éclairer et pour déplacer ses citoyens.
Aujourd’hui on en est où ? La pandémie et la crise environnementale ont relancé de nombreux débats sur les modèles urbains.
Depuis une quinzaine d’années, on remarque en Asie du sud-est un phénomène de dé-densification des métropoles au profit des campagnes. Après avoir construit des mégalopoles de dizaines de millions d’habitants comme à Shanghai, ils se sont dit qu’il était possible de reconstruire des villages autosuffisants en énergie, en alimentation et hyper-connectés pour continuer le télétravail. Cela s’inscrit dans la fameuse troisième révolution industrielle théorisée par Jeremy Rifkin, qui est l’addition des énergies renouvelables et des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Finalement, cette question de cité idéale est un peu prise en étau. En tant qu’architecte on doit répondre à cette schizophrénie contemporaine : tous les citoyens veulent vivre au plus près de la nature et en même temps hyper-connectés. C’est le dilemme de l’habitant contemporain de joindre ces deux extrêmes en un habitat. Avec la pandémie, le phénomène s’est accentué. Cela remet en question le schéma avec lequel on travaille depuis des années, les journaux nous répètent en boucle que 75% de la population mondiale vivra dans des villes en 2050. Si on arrive à vivre heureux à la campagne, il y aura sûrement une inflexion de cette trajectoire. […] Lire la suite
Cette article a été publié sur Demain la ville par Usbek & Rica
Article publié sur C21 France
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