Saison 2.0 – Spéciale Finance Verte et Immobilier
Depuis l’adoption de l’Accord de Paris lors de la COP21, la communauté financière s’est réunie et a pris des mesures importantes pour lutter contre le changement climatique, comme lors du One Planet Summit en décembre 2017. Parmi les outils financiers disponibles pour stimuler la transition vers une économie à faible émission de carbone, les obligations vertes devraient contribuer à accélérer ce changement, en particulier dans le domaine du bâtiment et de la ville durables. L’industrie du bâtiment étant l’un des plus gros émetteurs de carbone (23% des émissions mondiales en France, selon l’ADEME), cet outil financier promet d’importantes évolutions dans le secteur.
Qu’est-ce qu’une obligation verte ?
Les obligations vertes ne sont pas différentes des obligations ordinaires dans la façon dont elles fonctionnent. Les deux titres de placement offrent un rendement prévisible aux investisseurs sous la forme de coupon fixe, en échange d’un financement à moyen et long terme des activités économiques. La différence entre les deux réside dans l’éligibilité des fonds. L’idée est simple : une obligation verte ne finance que les projets qui apportent des gains environnementaux, tels que les projets liés aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique, à la gestion durable des déchets, à l’utilisation durable des terres (foresterie et agriculture) et à la biodiversité. Les obligations vertes permettent aux organisations, d’une part, d’avoir accès à des capitaux à grande échelle et, d’autre part, aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles et de démontrer leur engagement dans la lutte contre le changement climatique.
Le volume des obligations vertes labellisées a augmenté de façon significative pour atteindre 160 milliards de dollars US d’émissions en circulation en 2017, contre 15 milliards de dollars US en 2013. Parmi eux, 60 milliards ont été émis en Europe (Standard and Poor’s) et l’Europe demeure la zone leader des émissions d’obligations vertes en 2017. Si l’on considère des critères moins stricts (obligations vertes non étiquetées), ce montant atteint environ 895 milliards de dollars US. Pour l’instant, le marché est dominé par deux secteurs : les projets d’énergies renouvelables (environ 40%) et les bâtiments (20%), selon l’organisme Climate Bonds Initiative. La demande des investisseurs est extrêmement élevée ! Les investisseurs dont les actifs sous gestion s’élèvent à plus de 60 milles milliards de dollars US ont pris l’engagement public de réaliser des investissements responsables, et les obligations vertes peuvent les aider à réaliser leurs promesses.
Comment évaluer que les projets sont réellement verts ?
La caractérisation des obligations vertes est encore un peu confuse. Cependant, les émissions sont rigoureusement observées, commentées par des avis de tierces parties, et rapportées au sein des rapports d’impact réalisés par des sociétés expertes telles que Green Soluce afin de déterminer si les projets sont suffisamment » verts « , et ainsi d’éviter tout risque d’écoblanchiment.
Aujourd’hui, deux systèmes ont été définis pour répondre à ce besoin spécifique. Les lignes directrices les plus largement acceptées pour les obligations vertes sont les Green Bond Principles (GBP). Il s’agit de lignes directrices volontaires élaborées par les principaux acteurs du marché sous la coordination de l’International Capital Market Association (ICMA).
Elles sont complétées par les travaux de la Climate Bonds Initiative (CBI), ainsi que par les travaux d’institutions financières et gouvernementales multilatérales telles que la Commission européenne avec le Groupe d’Experts à Haut Niveau (GEHN) sur le financement durable. Un certain nombre d’organisations privées et industrielles telles que GRESB (Global Real Estate Sustainability Benchmark) poussent plus loin la méthodologie pour déterminer l’éligibilité des projets de durabilité sectoriels tels que les projets immobiliers, et comment prendre en compte une perspective plus large sur la durabilité en ce qui concerne les critères ESG. L’objectif serait alors d’émettre non seulement des obligations vertes, mais aussi des obligations durables.
Quelles opportunités pour les projets verts ?
6 à 7 milles milliards de dollars US. Il s’agit de l’investissement annuel qui sera nécessaire au cours des 15 prochaines années pour répondre à la demande d’investissements verts. Par exemple, l’Agence internationale de l’énergie a estimé que l’investissement dans l’efficacité énergétique devrait être multiplié par huit pour respecter le scénario de 2°C en 2100. Le marché obligataire, qui fournit environ 1/3 du financement total des entreprises, doit jouer un rôle comparable dans le financement vert. L’OCDE estime que les obligations vertes labellisées émises dans le monde représentent moins de 1% du total des émissions obligataires américaines en 2016 : le potentiel des obligations vertes est considérable.
Et la liste des avantages pour tous les acteurs est importante. Les obligations vertes peuvent permettre un financement vert à plus long terme en s’attaquant aux contraintes de maturité potentielles pour les produits alternatifs. D’autre part, les obligations vertes peuvent aider les investisseurs à clarifier la stratégie environnementale des entreprises des secteurs traditionnellement carbonés en facilitant le passage à des activités plus vertes.
Les obligations vertes étaient traditionnellement exigées par les investisseurs responsables sur le plan environnemental et social, mais aujourd’hui, les opportunités de marché s’étendent au-delà de cette catégorie d’investisseurs. La Climate Bonds Initiative estime que le marché des obligations vertes labellisées pourrait atteindre 300 milliards de dollars US d’émissions d’ici 2018, dominé par les États-Unis, la France et la Chine.
L’avenir des obligations vertes semble assuré. Selon certaines étudesenées par de grandes banques d’investissement telles que Bank of America, Merrill Lynch, Morgan Stanley, Barclays et UBS : environ 89% de tous les investisseurs ont exprimé leur intérêt pour les investissements durables et sont déjà familiarisés aux produits d’investissement durable, y compris les obligations vertes. Les technologies à faible émission de carbone dans les bâtiments et l’énergie resteront les principaux bénéficiaires des investissements verts et des obligations vertes. En France, selon CBI, l’immobilier est aujourd’hui le premier secteur d’émission d’obligations vertes (32% en 2017), après une longue domination des projets d’énergies renouvelables (18% en 2017). Cette tendance semble être fortement soutenue par la croissance des bâtiments certifiés, qui est un guide pertinent pour le marché des obligations écologiques.
La prochaine génération d’investisseurs consistera peut-être à affecter les capitaux dans des obligations vertes et ainsi soutenir le bel avenir des bâtiments verts. Après tout : qui ne serait pas heureux de financer des projets environnementaux tout en obtenant un rendement financier ?
Dans notre prochain épisode, nous parlerons des prêts verts ! Suivez toutes nos réflexions sur Chroniques Urbaines™ / Urban Chronicles™ par Green Soluce.
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Article publié sur Construction21 France
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