A l’aube de cette nouvelle année, la ville sera intelligente ou ne sera pas. Et pour cela il semble nécessaire, pour les collectivités qui s’investissent dans la démarche, d’engager les citoyens. C’est d’ailleurs ce que soulignait think tank numérique « Réseau durable » dans une publication d’octobre 2017.
2018 sera-t-elle l’année de la Smart City, peut-être pas, mais sans doute un peu plus que les années précédentes, le nombre de villes et territoires qui s’engagent dans cette démarche croissant au fil des ans, avec plus ou moins de réussite. En effet, ceux qui croient qu’une ville devient intelligente lorsqu’elle est bardée de capteurs qui permettent au gestionnaire de réaliser des économies sur l’énergie qu’elle dépense pour s’éclairer, se chauffer, se laver ou faire pousser les plantes dans les jardins publics, de caméras qui permettent d’assurer la sécurité des citoyens ou d’applications censées améliorés le quotidien des habitants, sans même les consulter, se trompent.
« Pour se déployer pleinement et répondre à toutes ses promesses, une ville intelligente doit s’appuyer largement sur ses citoyens, fondement de la réussite d’une telle démarche », explique le think tank numérique « Réseau durable ». Et donc, pour réussir à atteindre ses objectifs, « une smart city doit ambitionner d’être avant tout une ville durable et collaborative, les outils numériques et la connectivité ne sont que des outils pour cela, pas des fins en soi ».
Pour être considérée comme une Smart City, aujourd’hui, « la ville doit être plus efficace, ouverte et participative » déclarait Jean-Luc Sallaberry, chef du département numérique de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies) , lors de l’Université du Très Haut Débit, à Epernay, le 14 septembre 2017, dans le cadre d’un atelier intitulé « Villes et Territoires de demain ».
Comme le souligne Résau Durable, cet atelier voulait mettre en évidence le rôle central du facteur humain, et notamment des habitants, acteurs incontournable des territoires urbains. « Le trop-plein de technologies, d’outils numériques et de connectivité peut faire perdre de vue que si une ville doit devenir intelligente, c’est pour le bien-être quotidien du citoyen, pour améliorer le vivre-ensemble et réduire l’empreinte énergétique des activités urbaines, dans une démarche durable et collaborative ». Une ville doit avant tout être agréable et donner envie d’y vivre. Les moyens technologiques que peuvent initier les collectivités ne sont que des outils, au même titre qu’un banc public, ou un panneau indicateur, rien de plus. C’est donc bien en associant l’intelligence des citoyens à ses projets que le ville peut se développer dans le bon sens et donner envie de s’y installer.
Le maire-adjoint d’ Epernay, Jonathan Rodrigues, qui accueillait les participants à cette Université, a très bien compris l’enjeu. Il serait préférable de présenter la smart city comme une « ville durable » plutôt que comme une « ville connectée » – pour désigner clairement son objectif, et pas les moyens mis en œuvre pour cela, a déclaré l’édile. Cet élu, comme beaucoup d’autres aujourd’hui et notamment en France, a compris que si les collectivités ont un rôle indéniable à jouer dans le développement de la ville du futur, elles doivent impérativement tendre la main aux citoyens et tout mettre en œuvre pour les engager pleinement dans le déploiement de solutions qui correspondent aux usages.
« Les évolutions que permet la ville intelligente doivent permettre d’associer les habitants de la ville aux grands enjeux des territoires : consommation d’énergie, transport, eau, qualité de l’air, alimentation, éducation… », rappelle Réseau Durable. Sans oublier la protection de l’environnement et le bien vivre ensemble, dans une ville où chacun à sa place et trouve son compte, quelque soit sa catégorie sociale ou ses origines.
« Les transferts de données doivent fonctionner dans les deux sens », souligne Réseau Durable. Recueillir des informations sur la ville et les pratiques des citoyens c’est bien, mais également dialoguer avec eux et prendre en compte leurs idées et opinions, c’est encore mieux.
« La révolution de la ville 2.0 est une chance inédite de changer le mode de gouvernance des territoires, en basculant d’une logique centralisée à des prises de décisions décentralisées et collaboratives », ajoute le think tank numérique.
En associant le citoyen, non pas dans une démarche de communication, visant à lui faire accepter les idées de la collectivité, mais au contraire en lui faisant comprendre les enjeux des démarches collaboratives dont il sera le premier bénéficiaire, c’est aller vers la réussite en matière d’intelligence. La ville de demain ne devra pas être le territoire d’un maire et de son conseil municipal, dans un esprit féodal, mais bien la ville de citoyens acteurs de son développement. Sans perdre de vue que dans la recherche d’économie en matière d’énergie, première étape d’un ville durable, une démarche citoyenne à l’échelle du territoire peut aider à augmenter l’efficacité énergétique de ce territoire.
Source :Ville Intelligente Mag