Dans le cadre du World Electronics Forum qui se déroulait dernièrement à Angers, la Plateforme d’Aménagement de la Ville-Intelligente et Connectée (PAVIC) organisait un Forum sur la Smart City avec un plateau d’experts internationaux dans le domaine. Organisé de manière privative, ce forum dont la plupart des intervenants considéraient le citoyen comme un acteur privilégié de la ville-intelligente, aurait mérité une ouverture au public.
La Ville Intelligente, ou plutôt astucieuse, inventive et créative, notion plus proche de l’anglicisme « Smart », intéresse un public de plus en plus large. Pas seulement les entreprises technologiques et les gestionnaires des villes et territoires, mais aussi les citoyens, premiers utilisateurs des services mis à leur disposition. A ce titre, le Forum Smart City, intéressant à plus d’un titre, aurait pu être ouvert au public.
Au cours des présentations et autres tables rondes et même un duel entre deux experts, deux cas d’usage concernant les citoyens de la Smart City ont été présentés au cours de ce Forum par Isabelle MARI, Directrice Stratégie, données et nouveaux usages chez JCDecaux France et Éric LEGALLE, Directeur général d’Issy Média à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Des exemples intéressants qui permettent de mieux comprendre comment les entreprises et les collectivités prennent en compte les usagers. Les deux tables rondes abondaient dans le même sens.
« Il y a tout de même un changement de paradigme et dans la ville les usages doivent être pensés avant la technologie », lance Isabelle MARI. « L’idée c’est de pousser l’expérimentation et de toujours partir des usages ». Très impliquée dans la démarche de la Smart City, Isabelle MARI plante le décor dès le début de son intervention, avec un titre affiché sur l’écran : « Smart City, la ville pour ceux qui la vivent », et ceci quel que soit leur statut, qu’ils soient habitants, visiteurs ou gestionnaires.
« La ville c’est un mélange d’ordre et de désordre, c’est surtout de la complexité dans laquelle il faut trouver son chemin. C’est l’un des enjeux », poursuit Isabelle MARI. « La révolution digitale a affecté notre quotidien, nous avons un pouvoir que nous n’avions pas il y a 20 ans, ce qui impacte la vie dans la ville ». Ça passe par une exigence de connectivité sur l’espace public, lieu de prédilection de JCDecaux, sur lequel il va falloir développer des infrastructures. « Ce sont ces infrastructures et quels services nous allons apporter qui m’intéressent », poursuit la représentante de l’industriel en mobilier urbain et affichage. Ces services passent par la captation de données, lesquelles permettront d’offrir des services plus pertinents. « L’enjeu c’est comment on fait vivre correctement la population dans nos villes et comment on délivre une expérience positive, agréable et vivable ».
ALLER VERS LA VILLE OUVERTE ET INNOVANTE
Pour Éric LEGALLE, directeur d’Issy Média, il s’agissait de présenter l’expérience en matière d’intelligence d’une ville située aux portes de Paris, Issy-les-Moulineaux,
« ville ouverte et innovante ». Cette petite ville (67 000 habitants tout de même) a pris le virage du numérique très tôt.
« Issy était une ville populaire de la ceinture du Grand Paris qui est devenue ce qu’elle est aujourd’hui grâce à la vision stratégique d’un maire de 77 ans, élu depuis 38 ans », explique Eric LEGALLE en présentant l’évolution de cette ville, friche industrielle il y a deux décennies et qui accueille aujourd’hui les grandes entreprises de la tech. « Avec une ville en ruine, il fallait que nous innovions pour attirer plus d’entreprises, plus d’habitants et moderniser cette ville ». Pour cela, il a fallu renforcer l’attractivité, moderniser les services publics en favorisant le quotidien des habitants et anticiper les bouleversements numériques.
« 20 ans plus tard, si 90% des habitants sont connectés, Issy est la première ville de France où tous les bâtiments sont raccordables à la fibre optique et où tous les services publics sont dématérialisés ». Issy-les-Moulineaux est donc désormais l’un des premiers pôles numériques français avec autant d’emplois que d’habitants, une des villes les moins endettées avec un taux de fiscalité faible. « Pour cela, on a adopté une méthode simple et pragmatique en faisant savoir ce que nous faisons, à la population, mais aussi à la terre entière », poursuit Éric LEGALLE. « Nous mobilisons aussi l’écosystème local, chaque partage suscite des questions, des idées et des retours d’expérience qui permettent de faire avancer nos projets ».
Source : www.villeintelligente-mag.fr
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°157 – Janvier 2018