Le Cetemco (Centre technique des matériaux de construction) a organisé récemment, à Casablanca, un séminaire sous le thème : « La valorisation des déchets des matériaux de construction : cas des déchets de béton déconstruit et des boues marbrières (V2D & VBM) ». Une initiative louable. Mais à quel horizon espèrera-t-on une règlementation et des mesures d’accompagnement ?
Aujourd’hui, avec le développement des grands chantiers d’infrastructures, et ceux des chantiers immobiliers associés à la croissance urbaine, le Maroc doit faire face aux retombées considérables liées à ces ambitions en matière d’impact négatif sur l’environnement.
Sachant que le pays a initié plusieurs programmes en faveur du développement durable et de la préservation de l’environnement, c’est désormais le moment de s’attaquer au problème du rejet sauvage des résidus et déchets issus des chantiers de construction. Ainsi des décharges sauvages voient le jour un peu partout dans les grandes villes et provoquent la fragilisation de nos écosystèmes et la dégradation de nos ressources naturelles.
Pourtant, dans beaucoup d’autres pays ces produits sont plus ou moins recyclés ce qui a pour avantage d’économiser des ressources primaires, de limiter les dépôts en décharges qu’elles soient sauvage ou pas et de pouvoir accéder à des matériaux de construction à un prix abordable.
Partant de cette vison, et dans le cadre de ses activités le CETEMCO a lancé deux projets de recherche et de développement financés par le Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie Numérique à travers le Fond d’Appui aux Centres Techniques (FACET), avec l’appui de la Fédération des Industries des Matériaux de Construction et ses associations (l’Association Professionnelle des Cimentiers « APC » et l’Association Marocaine des Marbriers « AMM ») c’est à Casablanca, que ces deux projets ont été présentés le mois passé lors d’un séminaire, sous le thème : « La valorisation des déchets des matériaux de construction : cas des déchets de béton déconstruit et des boues marbrières (V2D & VBM) ».
Le premier projet portant sur la valorisation des déchets du béton déconstruit dans l’industrie cimentière, présente clairement comment les déchets issus des chantiers de construction et de démolition, posent de sérieux problèmes partout à travers le Royaume en raison des quantités astronomiques qui y sont générées chaque année.
En effet, en absence d’une filière de tri et de valorisation, ces déchets n’ont pour l’instant aucun exutoire et sont donc rejetés de manière non contrôlée dans le milieu naturel et au voisinage des agglomérations causant ainsi des dégâts aux personnes habitant dans les environs ainsi qu’à la flore et à la faune. Une situation qui n’a fait aujourd’hui l’objet d’aucune action d’amélioration.
Ainsi, dans un souci d’assumer la responsabilité quant au devenir de ces déchets, et afin d’inscrire les activités du BTP dans la démarche de développement durable, l’alternative de valorisation de ces déchets se révèle la plus efficace des solutions. D’où l’intérêt de développer une filière de collecte, de transport, de stockage, de traitement et de valorisation de ceux-ci conformément aux dispositions de la loi 28-00, ainsi que la loi cadre portant charte nationale de l’Environnement et du Développement Durable.
Le CETEMCO s’est intéressé à ce sujet sous un angle purement technique et scientifique. Son projet a visé l’étude des voies les plus viables techniquement pour la valorisation des bétons déconstruits en les utilisant comme intrant dans la production de clinker, de ciment maigre et de bétons courants.
Quant au second projet, il s’intéresse à la valorisation des boues issues de l’industrie marbrière. Ces boues finissent généralement sauvagement jetées dans la nature au détriment de l’environnement. On ne connait pas encore l’étendue des dégâts commis mais on sait qu’ils sont incommensurables : émissions de particules en suspension dans l’air, les immiscions (chute de particules lourdes par terre), les emprises, etc.
C’est face à cette problématique de base soulevée par la nécessité de devoir gérer les boues de marbre produites par l’industrie marbrière qu’est née la réflexion d’un projet sur la validation des voies de valorisation de ces boues avec une approche réaliste et contextuelle. Les résultats du projet ont démontré la faisabilité technique et économique de la valorisation des boues de marbre dans la fabrication, à savoir l’obtention des mortiers de ciment, des carreaux en ciment également, et la fabrication d’appareils sanitaires.
Il reste néanmoins nécessaire d’accélérer le rythme de cette prise de conscience. Souvent au Maroc, les intentions sont bonnes, les débats très nombreux mais les mesures effectives rares. C’est le cas de la règlementation techniques des constructions, un projet louable, mais dont l’applicabilité tarde à venir. Sans parler du Cod de la Construction, demandé par tous les opérateurs de la construction, mais qui n’est toujours pas sorti des couloirs du Ministère de l’Habitat malgré les promesses de tous les ministres qui se sont succédés. Espérons donc que la gestion des déchets de construction puisse trouver rapidement un semblant de mesures effectives en procédant palier par palier plutôt que de viser un projet ambitieux qui ne verra jamais le jour.
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°166 – Novembre 2018