Le titre même de ce papier laisse supposer que dans une opération des rénovations énergétiques, les coûts soient perçus comme élevés, le financement devenant de ce fait stratégique. Et que la massification de ces opérations pour les propriétaires occupants ou bailleurs dépende de la réduction des coûts. C’est effectivement un enjeu majeur du plan de rénovation énergétique des bâtiments.
Mais le coût peut-il être considéré comme un élément à part, techniquement dissocié du reste du système qui conduit à la rénovation du bien ?
La question est-elle technique, celle de la constitution même du coût et de ses différents composants ou bien celle de l’acceptation du coût ? Et l’acceptation du coût relève-t-elle d’autres logiques, d’autres approches ? Quels autres ressorts met-elle en jeu ?
Il faut poser un principe de base. En matière de rénovation la décision appartient à « l’habitant », généralement au propriétaire-occupant ou au propriétaire bailleur. Il lui est difficile de disposer d’une vision globale de ce qu’il entreprend. Il perçoit plutôt une succession d’actions et d’obstacles.
Aujourd’hui Rénover est d’abord et surtout un parcours jalonné d’incertitudes majeures.
• Incertitude, voire incompréhension de l’origine et de la nature des problèmes rencontrés et de la nécessité d’agir.
• Incertitude sur les priorités à mettre en œuvre
• Incertitude sur les solutions techniques adaptées
• Incertitude sur le type de professionnels qualifiés et sur lesquels il est possible de s’appuyer en toute confiance. Pas d’interlocuteur identifiable.
• Incertitude sur le coût des travaux et de tous les autres frais.
• Incertitude sur la durée des travaux et leur impact sur l’utilisation du logement, de l’immeuble, sur la vie quotidienne.
• Incertitude, voire ignorance, sur les bénéfices en termes d’usage, de confort et de santé.
• Incertitude sur les aides financière et incitations fiscales, systèmes particulièrement instables, y compris la TVA.
• Incertitude sur les économies réelles et durables.
Comment dans de telles conditions s’engager sereinement dans un projet quelle que soit son envergure ? Pour se lancer dans de telles opérations le consommacteur a besoin de comprendre d’abord et ensuite de certitudes et de garanties.
La clef est certainement là. Le plan des rénovations énergétiques des bâtiments doit aller plus loin. Il doit sortir du système expert.
Il faut replacer le client au centre. C’est lui qui doit être le fil conducteur et plus l’immeuble. Il est nécessaire que les différents interlocuteurs changent de position et de logique. Il est important qu’ils le fassent à l’unisson. Chaque acteur doit arrêter de considérer son secteur comme un domaine d’expertise réservé, quasi-indépendant du reste du système.
Rénover ne peut pas être une succession d’actions quasi indépendantes mais un système de référence dédié qui repose sur un certain nombre de « briques ». Et chaque brique a une influence déterminante sur les coûts.
Quelques exemples de « briques »
L’état des lieux. Connaître les enjeux pour anticiper.
La plupart des français méconnaissent leur patrimoine et la façon dont il a été bâti, sa constitution. Ils ne disposent d’aucun élément leur permettant une analyse des difficultés qu’ils rencontrent et si diagnostics il y a, ils sont partiels et indéchiffrables. Pour les consommations, eau, gaz, fuel, électricité et autres, ils ne disposent d’aucun élément de comparaison. D’ailleurs ils subissent les difficultés sans chercher à en identifier les véritables causes.
Définir et imposer un « Carnet Santé-Énergies » du logement.
Il s’appuie sur une analyse, des concepts simples, souvent de bon sens, faciles à expliquer. Il bénéficie d’une communication accessible et ludique. Les différents médias sont à l’unisson, plateformes internet spécialisées, réseaux des collectivités territoriales et de l’État, acteurs privés.
Cette communication doit être écrite pour en exclure tout discours technique et techno. Comme une histoire de vie . . .
Ce « Carnet Santé-Énergies » s’impose à chaque transaction, à charge du vendeur et est indispensable pour bénéficier d’aides publiques. Son contenu est codifié, il est directement aidé par la collectivité avec un reste à charge limité.
Il ne peut pas y avoir de programme d’améliorations sans ces connaissances qui ne sont pas seulement physiques, mais interrogent aussi le vécu des utilisateurs, leur ressenti.