Le Conseil de gouvernement a adopté, jeudi dernier, un projet de décret instituant une rémunération des services rendus par le Ministère de l’Intérieur, en l’occurrence l’Inspection de la Protection civile.
Les architectes, responsables au premier plan des autorisation de construire, du suivi de leurs chantiers ainsi que de la bonne fin des travaux jusqu’à leur achèvement et la délivrance du permis d’habiter, ont été pris de court par cette décision à laquelle ils n’ont pas été associés durant son élaboration. Azelarab Benjelloun, architecte et ancien président du Conseil Régional des Architectes de Casablanca, n’a pas manqué de noter à ce propos que c’est le retour aux affaires des pompiers, « sortis par la petite porte, ils rentrent par une grande baie dans le processus ! ».
Sur les forums des réseau sociaux dédiés aux architectes la plupart expriment d’ailleurs leur agacement quand ce n’est pas leur grande déception de n’avoir pas été au courant de cette nouvelle initiative. A ce titre Rachid Ouazzani, architecte militant de longue date, et ancien membre élu du Conseil National de l’Ordre des Architectes, s’est exprimé à ce propos sans macher ses mots : « La nature a horreur du vide. Les pompiers ont disposé depuis 1997 d’une manne financière facile et intarissable ; comment pouvez-vous imaginer qu’ils vont l’abandonner ? Ne soyons pas naïfs. »
Les nouveaux textes stipulent que les services de la protection civile sont désormais chargés de fournir des « plans proactifs » de prévention contre les risques et d’intervenir, le cas échéant, dans les lotissements immobiliers, les bâtiments, les groupes de logement, ainsi que dans les établissements objets des dossiers déposés auprès des services concernés. Plans proactifs ? une terminologie inexistante dans le lexique grammatical des architectes les plus chevronnés qui fait dire à juste titre à l’architecte Samir Drissi « Que signifient les plans proactifs de prévention contre les risques ? »
Et son confrère Abdelmoujib Bennani de rajouter : « Encore une décision qui tombe sans aucune concertation ou explications pour laquelle on doit s’adapter et traduire à nos dépens… Bonjour la démocratie participative. Une autre guerre que devra mener le nouveau CNOA. »
Certes l’élection du nouveau bureau du CNOA, Conseil National de l’Ordre des Architectes, est pour bientôt mais cela ne changera en rien l’adoption d’un texte préparé dans leurs dos et son entérinement par le lourd et fastidieux circuit administratif des chantiers du construction.
Affaiblis par manque d’unité, et bénéficiant d’une image de moins en moins reluisante, il restera aux architectes une consolation : leurs yeux pour pleurer !
Fouad Akalay