Avec un record d’audience enregistré dans un contexte post-crise, cette 63ème édition du CEVISAMA montre clairement l’enthousiasme et la demande toujours grandissante des exposants et amateurs d’architecture en céramique mondiale. Au cœur d’un réel processus d’innovation, elle prend différentes formes afin d’accompagner les nouvelles tendances.
Mise à l’honneur du 5 au 9 Février dernier lors de la 36ème édition de CEVISAMA à Valence, la céramique reprend sa place légitime dans l’architecture moderne. Boostée par un retour aux formes et à la couleur, en opposition aux tonalités fades du « good design » d’origine allemande et scandinave, plus industriel et fonctionnel, elle permet l’affirmation d’environnements à fort caractère : carreaux de ciment en 3D, assemblages géométriques et effets d’ombres portées, très graphiques, permettant des habillages au sol et au mur saisissants.
La céramique jouera avec nos sens, et avec la lumière. On fait plus que jamais appel à la perception du visiteur, dont on sollicite le toucher et la vue, poussant celui-ci à entrer dans un véritable jeu de perception, jonché de trompe-l’œil à effets multiples.
La céramique, un matériau durable au service de l’innovation technique et du design
Le mot d’ordre de cette édition était « innovation ». Avec des plaques redimensionnées, le salon tient à intégrer cette notion de durabilité. Elle présente la céramique, comme un produit doté d’une « conscience environnementale ».
La céramique est initialement un matériau tridimensionnel. Les entreprises, offrent traditionnellement une multitude de formats dans leurs catalogues en jouant sur la longueur et la largeur des plaques. En résulte une infinité de dimensions, s’adaptant à tous types d’espaces. La troisième dimension est entrée en scène ces dernières années, multipliant les options de design pour les projets.
La mode est à l’amincissement des plaques, passant de 8mm, à une épaisseur variant de 3.5 à 5 mm. Il s’agit d’un bénéfice double profitant à la fois à l’utilisateur et à l’environnement. Une épaisseur minime offre une multitude de possibilités en termes de choix architectural et décoratif. S’accordant
à la fois aux nouvelles constructions, mais aussi à la rénovation, elle a pour avantage de diminuer nettement le prix du projet, du fait qu’elle peut être placée directement sur des dalles préexistantes; éliminant la nécessité d’arracher les anciennes. De plus, leur poids réduit les rend plus facilement transportables et maniables sur le chantier.
Ces nouvelles caractéristiques ouvrent un tout nouveau panel de possibilités en terme de décoration. Puisqu’en plus d’en faire usage sur les murs et le sol, elles peuvent maintenant être placées au niveau des portes et des placards.
La liste des avantages de la céramique est très longue. On précisera notamment qu’elle est très facile à nettoyer, et résistante aux changements de températures ainsi qu’aux chocs.
En somme, ne nécessitant pas une grande quantité de matière ni d’énergie à la production, doublé d’un transport facile, ces caractéristiques placent la céramique dans la place des matériaux « éco-friendly » et durables pour un rendu esthétique et des performances techniques assurées.
The new Game of tones, un retour net de la couleur et de l’innovation dans la tradition
On note un retour marquant vers la couleur, caractéristique forte de la céramique. L’ensemble des palettes chromatiques qu’il propose fait de ce matériau un incontournable de la décoration. On voit aussi revenir les motifs artisanaux traditionnels hérités par la péninsule ibérique, pour lesquels un petit format est nécessaire. Ainsi, le rustique, ou encore le semi-artisanal, constituent des valeurs sûres et de véritables points d’ancrage dans l’inconscient collectif. Proposant de nouveaux scénarii de décoration intérieure.
La nouveauté de cette édition réside dans la plus-value apportée par le volet high Tech permettant au client de créer sa propre réalité, et ce de manière instantanée et ludique. Brillances, ombres portées, textures, couleurs, mobiliers… tout est interchangeable pour vous permettre d’imaginer très facilement votre projet d’intérieur et éventuellement aller vers une démocratisation de la conception sur-mesure. Il suffit de mettre le masque, et manette en main, plonger dans un univers entièrement personnalisé.
En ce qui concerne la tendance 2018, celle-ci évolue dans un registre similaire à celui de l’année 2017. À savoir une légèreté et un volume appelant à l’imaginaire suggéré par des polygones multifacettes, à la manière d’un origami. Il est repris aujourd’hui, dans un même langage le faisant évoluer vers la matière.
Ainsi les facettes se parent de métal, de bois et de béton, donnant vie à l’espace et libérant l’imaginaire de chacun. Une manière poétique de suggérer un détachement au minimalisme ambiant. Les facettes sont reliées entre elles par ce qui s’apparente à des profilés, à la fois minces et métalliques, presque dorés, pour souligner les jonctions de manière subtile, et offrir une vision qualitative grâce à de légères articulations qui captent la lumière.
Les grands maitres de l’architecture participent à la foire du CEVISAMALAB
En plus des expositions, le salon a tenu cette année à offrir une programmation de qualité en termes d’activités parallèles. De ce fait, un grand effort promotionnel a été réalisé, pour associer à la ville de Valence et à l’évènement en particulier, une certaine image de marque, et ce par la présence de grands noms de l’architecture tels que Souto de Moura, ou encore Rafael Moneo.
Pensée par l’architecte Luis Fernandez-Galiano, la foire d’architecture et de design de CevisamaLab est intitulée « l’architecture matérielle ». Ce dernier témoigne : « l’architecture, c’est des idées et des formes. Mais l’une et l’autre se cristallisent à travers la matière. Si la construction est préfigurée dans la géométrie immatérielle du projet, sa réalisation concrète dans le monde physique est produite grâce aux matériaux et à la technique. Ainsi, cetterelation entremêlée entre intentions, demandes, constructions et environnements, constitue l’objet de ce séminaire traitant de la matérialisation du projet architectural à travers six études de cas. Il s’agit de six édifices récents réalisés par des maitres contemporains, qui expliqueront la complexité des contextes, et la volonté matérielle de leurs réalisations. ».
C’est donc dans ce contexte, que l’on doit l’intervention de l’architecte portugais Souto De Moura, gagnant du prestigieux prix Pritzker en 2011. Il a présenté l’une de ses œuvres : el Mercado de Braga.
Le bilan positif du CEVISAMA 2018 a largement confirmé la reprise de l’activité et de l’innovation qui y est inhérente.
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°159 – Mars 2018