Le secteur portuaire, au Maroc, a connu ces dernières années une croissance sans précédent. Ceci est du à une vigoureuse politique de développement économique et d’intégration aux marchés internationaux. Par conséquent, le nombre de chantiers de travaux sous-marins pour la construction, la réhabilitation et la maintenance des ports et des émissaires ainsi que les travaux offshores a considérablement augmenté.
Les chantiers de travaux sous-marins présentent des caractéristiques qui les distinguent des autres types de chantiers de génie civil. Ces particularités sont liées notamment à l’intervention dans un milieu situé à plusieurs dizaines de mètres en-dessous de la surface de la mer où la visibilité ne dépasse pas quelques mètres voire quelques dizaine de centimètres dans certains cas, et où la pression est de deux à six fois plus importante que la pression atmosphérique.
Le matériel et les techniques de plongée ont, certes, beaucoup évolués au cours de ces dernières années, mais de nombreux cas d’accident de travail, parfois mortels, sont encore recensés sur les chantiers.
Les causes d’accidents sont diverses. Citons à titre d’exemple le non respect du règlement et des consignes de sécurité, la sous estimation des risques etc.
Le scaphandrier sur site, est exposé à plusieurs risques : Ceux habituellement rencontrés sur les chantiers de BTP tels que les risques de chute de hauteur, chutes d’objet…et d’autres risques spécifiques aux chantiers sous-marins liés aux barotraumatismes. Les accidents barotraumatiques sont dus à une inégalité de pression entre les cavités du corps et celle extérieure du milieu. Cette inégalité se produit lorsque le scaphandrier change de profondeur, soit en descendant, soit en remontant.Ces accidents peuvent toucher les poumons, les oreilles, les dents cariées, les sinus, le tube digestif… et leurs conséquences peuvent aller d’une simple gêne au décès…
Le barotraumatisme pulmonaire, aussi appelé surpression pulmonaire, est la forme de barotraumatisme la plus grave. Il est engendré par une dilatation excessive des alvéoles pulmonaires pendant une remontée incontrôlée du scaphandrier vers la surface. Pour l’éviter, il suffit de ne pas monter en panique en bloquant sa respiration…
Ces accidents peuvent éventuellement être traités en caisson hyperbare le plus rapidement possible, l’accident de décompression lié au non respect des paliers étant lui aussi traité en caisson. Le caisson hyperbare, également appelé caisson de recompression ou encore chambre hyperbare, est une enceinte rigide pressurisable, souvent sous forme cylindrique, qui permet le traitement complet de tous les accidents liés aux risques hyperbares. Il est obligatoire sur tout chantier à plus de deux heures d’un centre de décompression hyperbare.
Tous les accidents cités ci-dessus sont facilement évitables, avec de bonnes pratiques, telles le port des équipements de protection individuels et collectifs (casque, bouteille secours, narguilé …), le respect des consignes de sécurité et la réglementation de référence, puisque le Maroc ne dispose toujours pas de réglementation spécifique au travail en milieu hyperbare.
La formation et la sensibilisation des scaphandriers aux risques présents sur les chantiers leur permettent d’aborder de manière raisonnée ces dangers et d’agir rapidement et précisément en cas d’accident. « Chez ULIS » s’exprime son président Eric MOLLA, « la sécurité est une préoccupation de chaque instant, c’est pourquoi nous accordons une grande importance à la formation continue de nos scaphandriers, en matière de prévention et de sécurité, afin de rendre le travail plus sécuritaire et maintenir un climat de travail positif et sain. Grâce a cette politique, la société n’a enregistré que deux incidents pour 50 000 heures de plongée sur son chantier sous-marin pharaonique qu’a été TANGER MED II » .
Fatima LALLOUCHT
Ingénieur génie civil,
Responsable HSE
ULIS
Paru dans CDM – Chantiers du Maroc – n° 134 – Décembre 2015