Philippe Fluchaire, expert en ébénisterie d’art et de la haute décoration, a accueilli du 20 au 23 février 2017 à Casablanca, une mission composée d’une dizaine d’enseignants de grandes écoles et universités européennes spécialisées en architecture et art.
Cette mission s’inscrit dans une nouvelle dynamique de collaboration culturelle et artistique entre ces établissements séduits par le patrimoine et le savoir-faire marocain d’une part et d’autre part en réponse à la volonté de valorisation, de sauvegarde et de pérennisation des métiers d’art traditionnels en voie d’extinction.
Depuis 1905, la famille FLUCHAIRE perpétue la tradition des maîtres ébénistes et tapissiers. En quatre générations, elle a réussi à bâtir, grâce à un savoir-faire dans la décoration et la réalisation de palais et demeures de luxe, une solide réputation et à constituer un large patrimoine de créations à l’échelle internationale. Cette aura internationale lui a valu aujourd’hui la sollicitation des écoles européennes.
Pérennisation des métiers traditionnels du luxe et du savoir-faire au Maroc.
Le luxe et le savoir-faire artisanaux au Maroc, qui sous-tendent l’expertise de Philippe Fluchaire, n’ont pas été épargnés par l’évolution de la société. Avec une jeunesse de plus en plus tournée vers des autres métiers modernes et autres nouvelles technologies, et des générations ainées qui ne savent plus véritablement transmettre, certains savoir-faire sont exposés à la disparition.
Malgré un modèle qui lui a permis de sauvegarder les métiers de la décoration et la réalisation de palais et demeures de luxe, Philippe Fluchaire reste convaincu que c’est dans un engagement fort et synergique que l’on parviendra à pérenniser ce patrimoine. Raison pour laquelle il s’est engagé tant au niveau local avec l’Association du Luxe et du Savoir-faire au Maroc (ALSM), qu’au niveau international avec ce modèle de coopération, à trouver des moyens de transmission et de perpétuation de ce patrimoine artisanal. Cette mission européenne en séjour au Maroc résulte de la notoriété internationale de Philippe Fluchaire et s’inscrit dans une coopération cadre, laquelle se poursuivra avec notamment la venue en mai prochain d’une cohorte d’étudiants étrangers pris en stage à son siège à Casablanca.
Valorisation et sauvegarde des métiers et savoir-faire artisanaux du Maroc
Une cause que Philippe Fluchaire défend à travers l’Association du Luxe et du Savoir-faire Marocain (ASLM). Selon lui, « l’art reste l’expression de l’âme d’un peuple. Le sauvegarder, c’est sauvegarder un peuple ». Mais la raison d’être de l’ALSM n’est pas seulement d’être «le gardien du patrimoine artisanal», mais «l’encadrant» par excellence qui permettra d’entonner la marche à suivre, de par la formation et la labellisation pour pérenniser les savoir-faire artisanaux.
Association d’intérêt général et à but non lucratif, l’ALSM s’est fixée les missions de valoriser, préserver et reconnaître le savoir-faire au Maroc à l’échelle nationale et internationale. Elle s’investit dans la promotion et la valorisation de la qualité et de la réputation des produits de luxe d’origine marocaine, et plus particulièrement du savoir-faire et de la main d’œuvre locale. « Superviseur »
par excellence de l’image du « Made in Morocco » en la matière, l’ALSM fonde sa démarche sur une charte éthique à laquelle s’alignent membres fondateurs et adhérents, et qui prend en considération tout l’écosystème du secteur, de son capital humain au respect de l’environnement.
Interview avec Philippe FLUCHAIRE, Maître ébéniste
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Philippe Fluchaire : Actuellement, on est sur plusieurs projets :
des résidences privées au Maroc et à l’étranger, des resorts et hôtels, notamment le Palais Jamai à Fès et l’Hôtel Vichy à Bouznika.
On est aussi dans le développement d’une ligne exclusive de mobilier sous le nom Philippe Fluchaire et le lancement d’une nouvelle marque de tissus haut de gamme « Léonardis » éditée par nos soins, Cette nouvelle gamme de tissus vient compléter les grandes marques que nous représentons exclusivement ; Hermes, Dedar, Fishbacher…pour ne citer qu’elles.
La grande nouveauté est l’intégration de la promotion immobilière haut de gamme, réalisée et agencée entièrement par Philippe Fluchaire. Cette nouvelle activité arrive à point nommé pour le développement de notre Groupe. Elle traduit, en effet, la maîtrise et la maturité que nous avons acquises dans les domaines de l’agencement et de la haute décoration.
Sur un autre registre, nous comptons faire aboutir notre Association du luxe AlSM. Sa mission est de promouvoir et de valoriser la qualité et la réputation des produits de luxe d’origine marocaine.
Nous avons décidé de nous engager encore plus vis-à-vis de cette belle cause en devenant le partenaire garant de la qualité en pérennisant les compétences et en développant les potentialités.
Quels sont vos objectifs principaux à travers cette association ?
P.F : « La préservation du savoir-faire est menacée d’extinction par les difficultés de leur transmission aux générations futures. Peu de personnes sont attirées par ces métiers où malheureusement le critère qualité n’est plus au rendez-vous.
Nous nous mobilisons pour sauvegarder et perpétrer le savoir-faire traditionnel, sur lequel s’appuient les métiers d’art et d’excellence. C’est un impératif crucial pour le développement des métiers liés à l’art au Maroc.
L’engagement de L’association du Luxe et du savoir-faire Marocain est de garantir et de valoriser la qualité et la réputation des produits de luxe d’origine Marocaine et plus particulièrement le savoir-faire et la main d’œuvre des entreprises marocaines ayant pour principale activité la conception et la fabrication de produits de luxe sur le territoire marocain.
La garantie de respect du « Made in Morocco » mais aussi les conditions de travail, la formation de jeunes, le respect de l’environnement …font partie intégrante de la charte éthique.
Notre premier objectif est de valoriser le « Made in Morocco », car lorsque j’assiste à des réunions à l’étranger, je constate que l’on pense qu’au Maroc c’est encore à l’air des temps. On veut prouver, formaliser et mettre à niveau comme il se doit le Made in Morocco.
Notre second objectif est d’arriver à labelliser des entreprises en voie d’extinction au Maroc, c’est-à-dire le petit menuisier du coin qui s’est fait doubler par des importations via la Chine, la Turquie, … , on va les labelliser, les coacher, mettre à leur disposition des matériaux conformes et leur prêter main forte sur le design et sur leurs réalisations via des plans d’exécution qui leur permettent d’avoir des produits de qualité
Qui sont vos partenaires ?
P.F : Nos partenaires sont surtout des mécènes, qui s’engagent à mener à nos côtés, un partenariat loyal et transparent qui soit en osmose avec nos valeurs et nos principes.
Nous avons développé des partenariats avec les clients, les fournisseurs, les façonniers qui aiment le Maroc comme nous et qui se préoccupent de la pérennisation et du perfectionnement du savoir-faire Marocain.
Quelle est votre recette pour séduire une clientèle tant locale qu’internationale ?
P.F : Afin de répondre à la forte croissance des demandes sur le plan local et international, nous nous fixons de nouveaux challenges en permanence pour consolider notre expertise et notre savoir-faire pour les lesquels nos clients nous reconnaissent et nous choisissent.
Nous nous appuyons sur l’expertise incomparable de nos artisans marocains couplée aux dernières technologies en matière de découpe, avec station numérisée équipée de robots pour des précisions de perçage, défonçage.
La touche de l’homme est indispensable, l’artisanat marocain n’a pas son pareil, il y a des décorations et des sculptures d’une telle finesse et une précision extrême que même les machines dernier cri ne peuvent pas réaliser … . La qualité de nos matières premières y est pour beaucoup dans la notoriété de la marque, en plus de nos partenariats exclusifs.
Nos carnets de commandes traduisent et confirment cette réputation tant au niveau national qu’international. Il y a donc un bel avenir qui nous attend.
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°148 – Mars 2017