Le Mardi 22 Octobre au Sofitel Rabat Jardin des roses, s’est tenue une matinée d’information sous le thème : « Efficacité énergétique : entre obligations réglementaires et opportunités ». La session a été animée par Mohamed Mehdi Hmamouch, ingénieur expert en Efficacité Energétique et auditeur des systèmes de management d’énergie selon ISO 50001.
L’évènement, organisé par la Chambre Française de Commerce et d’Industrie au Maroc (CFCIM), a réuni une cinquantaine de participants, des industriels, ingénieurs, architectes ou encore cadres des services publics. Le sujet est d’actualité avec l’entrée en vigueur du décret relatif à l’audit énergétique obligatoire et aux organismes d’audit énergétique à partir de décembre 2019.
Un cadre institutionnel et réglementaire existant
Le gouvernement marocain s’est, assez tôt, inscrit dans cette mutation par l’initiation d’un cadre institutionnel formé par la mise en place d’entités comme MASEN, IRESEN, la SIE ou encore l’AMEE anciennement ADEREE et plus anciennement CDER qui cherche toujours son chemin.
Ce dernier passe par la mise en place d’un cadre réglementaire dans lequel on trouve la RTCM (Réglementation Thermique de la Construction au Maroc) qui fixe les niveaux de performance pour les composantes de l’enveloppe du bâtiment, le code de l’efficacité énergétique œuvrant quant à lui à l’optimisation de la consommation d’énergie. On trouve également la loi 13-09 relative aux énergies renouvelables et la loi 47-09 dont la mise en œuvre repose principalement sur les principes de la performance énergétique, des exigences d’efficacité énergétique, des études d’impacts énergétiques et de l’audit énergétique obligatoire et du contrôle technique.
L’audit énergétique, un passage obligatoire
Avec la sortie du décret d’application de la loi 47-09, les entreprises industrielles et tertiaires à haute consommation énergétique devront se soumettre à l’obligation d’audit énergétique. En référence au texte de loi qui énonce que la « mise en œuvre repose principalement sur les principes de la performance énergétique […] de l’audit énergétique obligatoire et du contrôle technique ».
Des expertises qui permettront, en fin de parcours, de renseigner précisément la société sur les possibilités d’économie d’énergie et les moyens à mettre en œuvre pour y arriver. Aussi, les industries désirant enregistrer des économies d’énergie peuvent se faire certifier ISO50001. La mise en place de ce système de management énergétique repose sur un échéancier marqué par une série d’étapes : le diagnostic énergétique actuel, le recensement du gisement d’économie et la détermination des indicateurs de performances énergétiques, des objectifs et des cibles. L’équipe d’auditeurs s’engage par la suite à délivrer d’un plan d’actions pour l’amélioration continue du système de management. L’objectif final sera l’obtention de la certification, gage d’une bonne performance énergétique.
Des outils de financement spécifiques
Dans ce sens, et pour accompagner les sociétés dans leurs efforts, il existe des produits de financement tel que le programme Moussanada de Maroc PME ou encore le MorSEFF de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD). Ces programmes apportent de l’assistance par un prêt, un leasing ou une subvention d’investissement à travers des banques locales partenaires.
ISO5001 se fonde sur l’amélioration continue du management de l’énergie dans une entreprise. Il lui est donc plus rentable d’intégrer ces dispositifs à l’ensemble des efforts qu’elle met en œuvre pour améliorer son management de la qualité et son management environnemental. Car au-delà de l’engagement à la durabilité, les gains financiers sont significatifs et le retour sur investissement peut être réalisé parfois en moins de deux ans d’exercice.
Laila El Ghazouani
Architecte
Mohamed Mehdi HMAMOUCH
Ingénieur Expert en Efficacité Energétique & Auditeur des systèmes de management d’énergie selon l’ISO50001 au sein de la Société Marocaine des Energies.
« L’ISO 50001 se présente comme un système global qui permet d’assurer l’amélioration continue des performances énergétiques de l’organisme et ainsi de pérenniser les résultats de réduction des consommations. »
Combien estimez-vous le nombre de sociétés certifiés ISO 50001 au Maroc ? Quelle est leur typologie ?
Mohamed Mehdi Hmamouch : Au Maroc, l’efficacité énergétique est un sujet que les entreprises commencent à peine à découvrir. Cependant, certaines entreprises surtout celles dont la facture énergétique est importante ont déjà abordé la démarche de l’économie d’énergie en réalisant des audits énergétiques et en mettant en place des systèmes de management de l’énergie selon la norme ISO50001. Les entreprises qui sont déjà certifiées ISO50001 au niveau national sont de l’ordre de 15 entreprises, majoritairement des entreprises industrielles de céramiques, plastiques et de production de cartons. On retrouve aussi des entreprises tertiaires comme la BMCE.
Quels avantages apporte la certification ISO50001 ? Pour quels coûts ? Et quel est le retour sur investissement ?
M.M.H : Un système de management de l’énergie selon l’ISO50001 permet aux entreprises de développer une démarche structurée de la performance énergétique en allant de l’approvisionnement jusqu’à l’utilisation de l’énergie. Grâce à cette norme les entreprises parviennent non seulement à réduire leur consommation et leurs coûts de production mais aussi de démontrer l’engagement de la structure dans le développement durable.
Le coût de la mise en place d’un système de management dépend de plusieurs critères et varie principalement selon la taille de l’organisme mais aussi selon l’avancement de l’entreprise dans sa démarche d’économie d’énergie.
Le retour sur investissement est par contre très attractif et ne dépasse pas les 2 ans dans la plupart des cas.
Qu’est ce qui serait le plus bénéfique pour une entreprise : se faire certifier ISO50001 ou répondre à des audits énergétiques annuels ?
M.M.H : L’audit énergétique permet de définir un modèle sur lequel l’entreprise se base pour définir ses objectifs de réduction énergétique mais aussi un plan d’action des projets d’améliorations à mettre en place pour atteindre les objectifs qui sont fixés dans une politique énergétique interne. L’ISO 50001 se présente comme un système global qui permet d’assurer l’amélioration continue des performances énergétiques de l’organisme et ainsi de pérenniser les résultats de réduction des consommations. Concluons donc que dans un souci de pérennité, il serait plus bénéfique aux entreprises de se faire certifier ISO50001 afin de maintenir la performance .
En tant que consultant, quels conseils donneriez-vous aux chefs d’entreprise ?
M.M.H : Plusieurs entreprises sont très absorbées par l’exploitation et la production et oublient l’importance des coûts liés à l’énergie. Plusieurs organismes gaspillent de l’énergie parfois même sans s’en rendre compte !
Avec le manque de ressources pétrolières et l’intermittence des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique à travers ses différentes branches est la solution ultime aux entreprises pour développer leurs activités tout en réduisant leurs coûts et en préservant l’environnement.
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°178 – Décembre 2019