Les villes sans voitures offrent une réponse à des enjeux évidents : épuisement des ressources non renouvelables, pics de pollution en ville, réchauffement climatique. Pour autant, elles ne semblent pas faire l’unanimité.
D’Oslo à Hambourg, nombre sont les villes d’Europe à supprimer ou du moins à réduire drastiquement l’usage de la voiture. Ces mesures sont pourtant controversées, malgré les avantages sanitaires et environnementaux qu’elles présentent. À Oslo par exemple, le centre historique , d’une envergure de 1,3 km², s’est débarrassé petit à petit de l’usage de la voiture, suite à une politique menée à partir de 2015 par les élus de gauche et verts. Le projet a en effet mis du temps à aboutir, et a généré une colère exprimée sous forme de menace et de harcèlement de la maire de la ville sur les réseaux sociaux. Si deux tiers des résidents se disent satisfaits de ces mesures, presque la moitié des commerçants dénoncent une baisse de leur activité due à la diminution du trafic.
À Paris également, la politique anti-voiture menée par la coalition rose-rouge-vert de la Mairie et portée par Anne Hidalgo fait débat. Une analyse de l’Institut des Politiques Publiques démontre que la mesure de fermeture aux automobilistes de la voie rapide Georges-Pompidou en plein centre-ville en vue de baisser les niveaux de pollution atmosphérique avait en réalité eu pour simple effet de déplacer les émissions du centre vers la périphérie de Paris, qui s’en est vue d’autant plus congestionnée. Les chercheurs ajoutent : “la fermeture de la voie sur berge a conduit à une hausse de la congestion de 15 % prolongeant en moyenne de deux minutes un trajet de dix kilomètres”.
Finalement, un des rares exemples qui semble efficace se situe à Ljubljana, designée comme la “Capitale verte de l’Europe” en 2016. Sa politique “anti voitures” s’est accompagnée d’un plan mettant l’accent sur la revalorisation des mobilités douces, et a misé sur la “multimodalité” dans sa prise en compte des différents besoins des habitants. Ainsi, ce sont près de 230 km de pistes cyclables qui ont été aménagées, un système de location de vélo en libre service mis à disposition qui a vu son effectif doubler… Au début, les commerçants étaient également réticents, mais un dialogue construit et de vraies propositions alternatives ont permis de temporiser les tensions et d’avoir de réels effets positifs.
Article publié sur www.lumieresdelaville.net
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