Popularisée depuis 2008 par des acteurs comme Airbnb ou encore Blablacar, l’économie collaborative provoque d’importants changements dans les modes de vie.
Qu’est-ce que l’économie collaborative ?
Depuis la crise économique et financière de 2008, un nouveau mot est apparu dans le langage économique. Ce mot, c’est la « sharing economy » traduite par deux expressions relativement similaires en français : « économie du partage » ou « économie collaborative ». Cette dernière est définie par Rachel Botsman dans son ouvrage What’s mine is yours comme un « modèle économique basé sur l’échange, le partage, la location de biens et de services privilégiant l’usage sur la propriété ».
En clair, il s’agit de permettre à une communauté donnée de vendre, louer, partager, donner, un bien ou un service sans qu’il y ait nécessairement de contrepartie financière.
Un développement inéluctable et exponentiel !
Estimée à 15 milliards en 2014, l’économie collaborative dans le monde devrait approcher les 335 milliards en 2025, selon l’étude du cabinet PWC. Elle a connu un développement sans précédent en raison de la conjonction de deux principaux facteurs :
• Les conséquences économiques de la crise économique de 2008 (augmentation du chômage et baisse du pouvoir d’achat).
• La démocratisation d’internet dans les foyers et un bien plus grand équipement des ménages en smartphones et tablettes.
En effet, bon nombre de ménages français y ont vu une opportunité pour réaliser des économies ou pour accroître leurs revenus. La perspective d’optimiser le maximum de ressources a joué en faveur de l’essor de l’économie collaborative. L’une des conséquences les plus perceptibles a été un glissement de vision de la part des consommateurs qui considèrent désormais que l’usage du service/objet est plus important qu’en avoir la possession. En France, d’après une étude réalisée par Nomadéis et TNS Sofres en 2014, près de 90% des français auraient eu recours à une plate-forme collaborative pour avoir accès à un service.
En conclusion, plus personne ne semble échapper à ces plates-formes.
Les principaux secteurs et acteurs de l’économie collaborative
Une tendance de fond malgré l’existence d’obstacles importants
La tendance globale fait qu’aujourd’hui les ménages français se tournent de plus en plus vers ce type de plates-formes. Les freins liés à l’utilisation des données personnelles, à la sécurité des paiements en ligne et à la confiance accordée à un inconnu, ont été levés dans certains secteurs comme le logement et les transports. Cependant, dans d’autres secteurs comme le bâtiment, des freins demeurent. Afin de créer la confiance chez l’utilisateur, les plates-formes utilisent principalement 2 moyens :
• La mise en place d’un système de notation entre membres qui permet de les évaluer et de les comparer.
• La proposition d’un contrat d’assurance aux utilisateurs de la plate-forme qui couvre les risques liés à l’utilisation du bien ou du service.
En clair, les garanties sont de deux types : elles portent soit sur le profil du consommateur et/ou sur les possibilités d’indemnités selon l’ampleur des dégâts.
L’ économie collaborative appliquée au BTP
Les entreprises de plus en plus concernées
Le secteur du BTP ne semble pas être emporté par cette nouvelle vague. Néanmoins, de nombreux signaux optimistes subsistent. En effet, si l’économie collaborative s’est d’abord adressée aux consommateurs, aujourd’hui, un nombre croissant d’entreprises utilise des plates-formes pour fournir des services inter-entreprises (appelé également business B2B). Certains spécialistes le prédisent, à commencer par la banque d’investissement américaine Piper Jaffray qui affirme dans son rapport que « la prochaine vague des plates-formes de réservation et partage en ligne concernera les entreprises ».
Difficile de donner tort à cette assertion tant les exemples abondent. Récemment, Wefarmup a lancé une plate-forme collaborative de location de matériel agricole. L’entreprise Bureaux à Partager connaît un fort engouement et se développe rapidement.
Et le BTP n’échappe pas à cette tendance
Preuve en est que l’économie collaborative commence à s’étendre et qu’elle touchera très prochainement le BTP. Les chiffres sur le taux d’utilisation d’engins de chantier et/ou de machines sont difficiles à trouver car finalement trop dépendants du contexte de l’entreprise. D’après certaines estimations, un nombre conséquent d’entreprises pourraient optimiser leurs revenus en mettant en location leur matériel inutilisé. Dans un environnement économique globalement défavorable, réaliser des économies ou générer un revenu complémentaire pourrait avoir un impact positif sur la santé financière de l’entreprise.
Néanmoins, des freins importants entravent son développement :
• les questions d’assurances de l’engin (peur que le locataire détériore l’engin),
• l’organisation interne (comment maîtriser la disponibilité lorsqu’il y a plusieurs collaborateurs pour gérer plusieurs actifs)
• des freins culturels (pas l’habitude et/ou manque de confiance, activité nouvelle …).
Des freins qui n’ont pas l’air d’effrayer Tracktor.fr. Cette jeune startup est sur le point de lancer la première plate-forme européenne de location d’engins de chantier entre professionnels du BTP. Les entreprises de travaux pourront alors se louer entre elles les engins de chantier inutilisés et en toute sécurité (la plate-forme apporte un contrat d’assurance qui protège la machine, fixe le cadre contractuel et gère les paiements en ligne).
Idir AIT SI AMER
Equipe TRACKTOR
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°150 – Mai 2017