C’est en 1987, en visionnant le blockbuster TITANIC que le monde entier découvre le ROV, ce petit sous-marin capable d’aller dans les profondeurs des mers, les ausculte et les filme. Depuis, l’armée, les océanographes, les scientifiques et autres explorateurs n’ont eu de cesse de trouver des usages précieux et pratiques à cet outil qui rend bien des services. Aujourd’hui, cette technologie est disponible au Maroc qui en a bien besoin !
Une technologie de pointe
Un ROV ou « Remotely Operated Vehicle » est un robot capable d’évoluer sous l’eau. Il est couramment filoguidé à distance par un pilote, ici nommé opérateur. De la même façon que les drones aériens, ils permettent une acquisition rapide et sécurisée d’échantillons ou d’informations physicochimiques et visuelles. Les plus élaborés disposent d’une plateforme pouvant être équipée, à la demande, de préleveurs ou de divers capteurs.
De nombreux prospectivistes estiment que leur usage civil, encore émergent, est une source potentielle de progrès scientifique et opérationnel. Effectivement, les ROVs permettent aux scaphandriers d’accéder à des espaces confinés, trop profonds ou jugés insalubres pour l’homme.
Les différents ROV : historique et utilisations
Au départ, le ROV est conçu pour l’exploration océanographique en profondeur, l’Homme ayant atteint ses limites physiologiques. En 1987, un ROV filme pour la première fois le Titanic à 4000 mètres de profondeur, son potentiel intéresse rapidement les autorités qui vont notamment l’utiliser pour explorer des épaves d’avions échoués tels que l’A330 du vol AF447. Equipé d’un bras préleveur, il permet parfois de remonter des preuves déterminantes comme une boite noire.
En parallèle, ce robot subaquatique se révèle être très utile dans des domaines tels que l’extraction pétrolifère ainsi que dans la maintenance des lignes et infrastructures sous-marines, telles que les oléoducs et les câbles sous-marin. En 2008, on dénombrait près de
1 500 engins, dont 35 % utilisés en mer du Nord.
Les ROVs peuvent également être utilisés pour des opérations militaires, et notamment la surveillance ou le déminage en milieu sous-marin. Boeing a développé des ROVs à usage spécifiquement militaires comme l’Echo Voyager.
Les scientifiques et particuliers intéressés y trouvent également leurs idéaux avec des modèles réduits, voire même capables d’imiter une espèce de poisson afin de s’infiltrer dans un écosystème et de filmer des scènes particulières. Effectivement, une nouvelle génération de ROV devrait faciliter l’évaluation environnementale subaquatique et notamment certains inventaires de la biodiversité et l’évaluation environnementale de l’environnement marin (Température, indice chimique, etc.).
Certains ROVs sont capables de se laisser dériver pour étudier les variations physicochimiques et biologiques des masses d’eau en mouvement (courantologie), tout en évitant des obstacles, ce qui peut être utile pour caler des modèles numériques (volume ou terrain de cours d’eau, réservoirs et autres masses d’eau, éventuellement souterraines ou karstiques). Plus spécifiquement, certains modèles peuvent étudier l’existence ou les effets d’ondes solitaires ou encore évaluer la fonctionnalité de corridors biologiques sous-marins.
Il existe deux catégories de ROV selon le travail à accomplir :
• Les OBSROV (pour OBServation Remotely Operated Vehicle), sont des engins utilisés dans un but d’observation, par exemple vérifier l’état d’oléoducs ou des fondations de plates-formes pétrolières ou d’effectuer diverses mesures (salinité, turbidité, champ magnétique…)
• Les WROV (pour Workclass Remotely Operated Vehicle) sont des engins équipés d’outils nécessaires à l’accomplissement de travaux spécifiques tels que découper, ou détecter des gaz. Un exemple typique est l’enfouissement (ou ensouillage) de câbles sous-marins.
Quel rôle pour le ROV au Maroc ?
Les entreprises de travaux sous-marins marocaines sont parfois limitées eu égard aux accès difficiles ou aux grandes profondeurs de certains chantiers subaquatiques. Ainsi, il est régulièrement recommandé d’opter pour l’assistance d’un ROV.
Au Maroc, le ROV peut être utilisé dans différents milieux tels que les réseaux ou les réservoirs d’assainissement caractérisés par un milieu confiné et insalubre, les infrastructures de barrages situées dans de grandes profondeurs ou encore en mer pour le contrôle de ligne subaquatique profonde.
L’INRH « Institut National de Recherche Halieutique » a récemment acquis un ROV spécifiquement adapté à la recherche océanographique.
L’entreprise ULIS dispose d’un ROV depuis 2008 lui ayant servi à la réalisation de mission telles que :
− La localisation d’une fuite en Offshore (Côte d’ivoire)
− La recherche d’épaves (Détroit de Gibraltar)
− 0L’inspection d’une conduite de réseau incendie (Tanger Med / Maroc)
Celui-ci peut atteindre 150 mètres de fond, il est équipé d’un sonar, d’un ordinateur et d’un bras articulé pour manipuler ou prélever.
Quel développement pour les ROV ?
Pour l’instant, tous les robots performants sont reliés à la surface par un cordon ombilical permettant la circulation d’informations, de l’alimenter en énergie et éventuellement de récupérer l’engin en cas de panne des moteurs. Un enjeu est de les rendre plus autonomes, en tenant compte des difficultés particulières du géo-positionnement subaquatique.
La création de robots «intelligents» et plus autonomes est l’une des pistes suivies par la Recherche. Une autre tendance est celle de la miniaturisation (miniROVs) dont l’un des premiers exemples largement diffusé a été la série des VideoRays.
La stabilisation dans les courants et la faible consommation énergétique, sont d’autres enjeux et défis pour les ingénieurs.
Matthieu Dubois
Ingénieur Océanographe
& Chef de projet
ULIS Groupe
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°163 – Juillet 2018