Rachid Haouch est architecte, urbaniste et paysagiste. Il a d’abord exercé en France une quinzaine d’année avant de retourner au Maroc, son pays natal. Il s’intéresse beaucoup à l’architecture bioclimatique dont il est un passionné. Très actif et engagé dans sa corporation il nous commente largement la nouvelle loi 66/12 très néfaste pour sa profession.
L’architecture marocaine est morte le 11 juillet 2014 à Bourgogne – Casablanca, à l’aube du fait de la suppression d’un poteau, du rez-de-chaussée d’un immeuble, par un propriétaire.
D’autres drames ont suivi, faisant plusieurs victimes.
Ainsi, le bâtiment tue au lieu d’abriter confortablement ses occupants et l’architecte est désigné comme bouc émissaire d’un système complexe.
Par sa mission complète, allant de la conception à la livraison, et par sa fonction règlementée, l’architecte s’est trouvé seul, face aux juges, à répondre de ses actes.
Emprisonné de suite et du fond de sa cellule, il tente de justifier les erreurs commises par les différents corps de métiers non règlementés de l’acte de bâtir : propriétaires, bureaux d’études et entreprises.
0n dénombre plus de 43 000 logements menaçant ruine au Maroc et les nouveaux plans d’aménagement ont sur-densifié les habitats populaires, les passants de R+1 et R+2 à R+4 et R+5 sans garde-fous constructifs, comme la surélévation de l’immeuble de Sbata, causant son effondrement et plusieurs victimes.
Le nouveau code de la construction, qui tarde à venir depuis 1956 devrait définir et préciser le rôle et les responsabilités de chaque intervenant impliqué dans l’acte de bâtir : maître d’ouvrage, promoteur, architecte, géomètre, bureaux d’études, bureaux de contrôle, laboratoire, entreprise de BTP, fabricant de matériaux de construction, etc.
Or, l’architecture clandestine en « auto construction », sans architecte, représente plus de 90% de la construction au Maroc et 10% des architectes signataires construisent plus de 80% des bâtiments sans conception et sans suivi de chantier, avec la complicité de certains architectes du public et de certains techniciens communaux.
A ces signataires de la misère il faut rajouter, aussi, des signataires de la richesse des projets luxueux initiés par des architectes étrangers non autorisés à exercer au Maroc.
L’ensemble de ces signataires est à dénoncer, à combattre et à condamner par les instances ordinales.
Déjà, à l’initiative du Ministère de l’habitat en 2012, une loi relative au contrôle et à la répression des infractions dans le domaine de l’urbanisme et de la construction a été décriée par sa rigidité.
Finalement, elle a été mise au placard jusqu’à son apparition cet été, en fin de mandat gouvernemental, et son passage par force et sans concertation par le Ministère de l’urbanisme sous forme de loi 66/12, applicable sur le champ, suite aux séries de drames qu’a connues le secteur de la construction.
Cette loi, annoncée comme le sérum de guérison des maux de l’architecture marocaine, est devenue l’huile sur le feu qui fait rejaillir en surface l’ensemble des problèmes qui gangrènent l’acte de bâtir.
Ainsi, pour sortir de l’impasse, les architectes plaident pour une et une seule architecture marocaine avec un et un seul cadre législatif et réglementaire pour tous.
Il est donc temps de saisir l’arrivée de cette loi contraignante et bloquante pour mettre à plat l’ensemble du cadre législatif qui entre en ligne de compte dans l’acte de bâtir, afin de l’harmoniser, de le généraliser et surtout de définir les responsabilités des uns et des autres avec une traçabilité certaine, allant de la conception à la réalisation et ce jusqu’à la fin de l’ouvrage.