Afin d’apporter un éclairage sur le secteur immobilier et ses indicateurs économiques et financiers, Terra Modus organise un atelier de formation qui aura lieu samedi 20 Mai 2023 à L’Hôtel Marriott Casablanca.
Le secteur immobilier au Maroc traverse une période de crise et de perturbations qui sont assez déstabilisantes. Des défis tels que la pandémie de COVID-19, la crise énergétique et l’inflation, ainsi que les fluctuations des prix et des transactions immobilières, ont créé un climat d’incertitude évident.
Face à cette situation, le marché locatif qui constitue la plus grande partie du marché immobilier marocain, n’accomplit pas son rôle d’atténuation.
Vu l’inflation qui touche le pouvoir d’achat, l’épargne et l’accès aux crédits immobiliers suite à l’ajustement important du taux directeur, les banques, les investisseurs et les propriétaires doivent rester prudents et suivre de près les dernières tendances du marché immobilier au Maroc.

L’évènement sera animé par des professionnels reconnus, à l’échelle nationale et internationale :
- Pr. Alain BECHADE, Professeur Emérite du CNAM et Docteur en Droit de la faculté de Paris ;
- M. Mehdi EL FAKIR, Expert-comptable et Analyste économique à Casablanca ;
- M. Khalid IBEN YAICH, Principal Valyans Consulting Rabat & Casablanca.
Les experts traiteront de plusieurs sujets couvrant la thématique en présentant le cadre général des tendances internationales, les indicateurs macro-économiques du Maroc, et en présentant les indicateurs relatifs à l’immobilier.
Interview avec Khalid IBEN YAICH

Khalid IBEN YAICH est un expert du domaine de l’accompagnement stratégique d’acteurs publics et privés au Maroc et en Afrique. Actuellement Principal chez Valyans, il a été amené au cours de sa carrière à travailler sur des projets importants tels que la stratégie nationale du secteur du BTP, la gouvernance de la stratégie foncière nationale et des projets de développements de grands projets urbains.
CDM : Quels sont les indicateurs suivis par les acteurs du secteur immobiliers au Maroc ?
Khalid IBEN YAICH: «Au Maroc, de nombreux indicateurs économiques et financiers sont utilisés pour suivre la performance de l’économie de manière générale, ainsi que du marché immobilier en particulier. Les acteurs du secteur immobilier peuvent être intéressés par trois types d’indicateurs : ceux qui informent sur l’évolution de la demande immobilière, ceux qui concernent l’offre immobilière et enfin ceux qui portent sur la concurrence et l’environnement du secteur.
Pour suivre l’évolution de la demande immobilière, il est utile de surveiller les chiffres qui influencent directement ou indirectement le pouvoir d’achat des consommateurs.
Du côté de l’offre immobilière, les professionnels de l’immobilier suivent généralement le nombre d’unités en construction, l’indice des prix des actifs immobiliers, l’évolution du nombre des autorisations de construction et les ventes des principaux matériaux de construction, ainsi que l’évolution des prix à l’importation des matériaux de construction.
Enfin, il est important d’avoir une idée de l’environnement concurrentiel en surveillant l’action et la performance des entreprises, du secteur immobilier, cotées en bourse, ainsi que l’analyse des données des Organismes de Placement Collectif en Immobilier (OPCI). »
CDM : Quelle est la qualité et la disponibilité de ces indicateurs ?
K.I.Y: «La qualité et la disponibilité des indicateurs immobiliers sont des éléments clés pour les acteurs publics, les banques, les investisseurs et les experts qui cherchent à prendre des décisions économiques et financières éclairées. Cependant, la qualité et la pertinence de ces indicateurs dépendent principalement de leur source.
Les principaux indicateurs officiels sont généralement considérés comme fiables. Au Maroc, ces indicateurs sont fournis par des institutions telles que le Haut-Commissariat au Plan, Bank Al Maghrib, la Bourse de Casablanca, l’AMMC et l’ANFCC.
D’autres indicateurs peuvent être trouvés dans les publications de certains ministères, tels que le ministère de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville. De même, les publications de certaines organisations professionnelles, comme le Conseil national de l’Ordre des Architectes ou l’Association professionnelle des cimentiers, ainsi que celles de certains acteurs privés, comme les nouveaux portails spécialisés en immobilier, peuvent également apporter une valeur ajoutée aux acteurs de l’immobilier au Maroc. »
Globalement, les indicateurs sont très souvent agrégés au niveau national et ne sont pas ventilés par nature de biens immobiliers.
CDM : Comment peut-on améliorer la disponibilité de données pertinentes pour les acteurs du secteur immobilier ?
K.I.Y: «Au niveau institutionnel, l’approche open-data est encore timide et plusieurs institutions ne publient pas de chiffres détaillés qui sont pourtant disponibles, souvent par peur de communiquer des données erronées ou par manque de cadre juridique adéquat.
Pour les acteurs du secteur privé, une donnée approximative est meilleure que l’absence totale de données. Par ailleurs, les nombreux observatoires instaurés ont du mal à atteindre leurs objectifs en raison de difficultés d’accès à l’information, d’un taux élevé de transactions informelles au Maroc et de restrictions budgétaires.
Enfin, à l’image de différentes expériences internationales, la production de données est une opportunité commerciale pour les startups et les cabinets d’expertise immobilière afin de fournir et de monétiser des données et des analyses utiles pour les acteurs nationaux. »