Les quatre thèmes phares de BAU 2019 donnent le ton et structurent une offre très variée : de nombreux exposants vont adapter leurs présentations en conséquence et proposer des solutions appropriées. Les forums du salon permettront d’éclairer et de discuter les thèmes phares sous différents angles, tandis que les expositions spéciales les visualiseront à l’aide d’exemples de produits et de projets. En voici un aperçu.
Numériques : les processus et l’architecture
Lorsqu’Internet s’est révélé auprès du grand public il y a une vingtaine d’années, la communication a fondamentalement changé sous l’influence des courriers électroniques. Le coup d’envoi du web mobile (omniprésent donc) a été donné environ 10 ans plus tard, en janvier 2007, par le premier iPhone ; depuis cette date, le monde du numérique pénètre de plus en plus la vie quotidienne.
Allons encore plus loin : la frontière entre l’univers numérique ou virtuel et l’univers analogue ou réel s’efface de plus en plus.
Et dans le secteur de la construction ? Là, on observe depuis quelques années une montée en force de la numérisation. Les bureaux d’études travaillent déjà depuis le milieu des années 1990 avec des outils numériques, c’est-à-dire avec des systèmes de conception sur ordinateur (CAO), lesquels sont toutefois pour la plupart bidimensionnels : ils se substituent juste à l’encre de Chine et à la planche à dessiner. Mais avec les tout nouveaux développements dans le domaine informatique et surtout avec le BIM (Building Information Modeling), la conception elle-même se trouve bouleversée. Aujourd’hui, il est normal que les équipes de concepteurs internationales travaillent ensemble et simultanément sur les mêmes données. Cela simplifie considérablement les échanges et le travail, tout en contribuant à une meilleure qualité de la conception.
Une chose est sûre : l’idée architectonique et la première ébauche naissent comme par le passé de la créativité de l’architecte, de l’architecte d‘intérieur et du concepteur. Ce sont eux qui additionnent en une seule et même ébauche tous les paramètres comme l’espace, la forme et le matériau, mais aussi la société, l’histoire et finalement les besoins du maître d’ouvrage et des utilisateurs. Mais là aussi, il existe déjà différentes approches du design génératif permettant de concevoir des logarithmes en fonction des matériaux et de la systématique. La planification concrète du projet est ensuite élaborée avec des outils informatiques et englobe tous les corps de métier. Même si l’acquisition d’outils de BIM et la conception en BIM exigent tout d’abord un certain investissement, celui-ci est vite amorti au cours d’un projet. Pour les projets de grande envergure, ce mode de conception est déjà fréquent. A l’avenir, les outils numériques d’aide à la planification seront aussi utilisés pour les plus petits projets et pour l’assainissement de bâtiments existants ; ils deviendront donc la norme au niveau mondial.
Les artisans exécutants devront aussi s’adapter à cette évolution afin de rester compétitifs. À l’avenir, il sera en partie possible de passer directement de la conception à la production 3D. C’est déjà le cas en ingénierie pour les éléments de construction en acier ou en bois. Mais dans d’autres domaines aussi, on pourra approvisionner les machines en données 3D. Cela permettra non seulement d’économiser du temps et de l’argent, mais d’influencer de façon durable l’effectivité sur le chantier. Certes, le travail de l’artisan s’en trouvera modifié, mais son savoir-faire restera toujours demandé.
L’habitat et le travail connectés
Le monde du travail est actuellement soumis à des changements profonds. Pour beaucoup d’actifs, l’accent n’est plus mis sur la rémunération, mais sur la flexibilisation du temps de travail et sur une meilleure compatibilité entre vie professionnelle et vie privée. Si l’idée n’est pas nouvelle, le contexte l’est : avec la numérisation, le monde du travail se confond de plus en plus avec la vie privée. Le soir, aller une dernière fois consulter ses mails ou pendant un jour libre répondre à la question d’un client important : pour beaucoup, c’est devenu la normalité. Par ailleurs, la vie ne fonctionne plus aujourd’hui d’après des schémas préétablis. L’individualisation de leur parcours de vie et le libre épanouissement de leurs idées sont peu à peu devenus des facteurs importants pour les actifs. Les deux aspects sont en fait liés, la question structurelle est donc ici prédominante. Souvent il n’est plus nécessaire d’être au bureau de 8 h à 17 h. De nombreux travaux peuvent (grâce à l’informatique mobile) être assurés depuis son domicile (télétravail) ou même depuis le café du coin de la rue. La garde des enfants ou les soins à donner à des membres de la famille peuvent ainsi être plus élégamment et surtout plus intelligemment conciliés avec le travail. Les horaires fixes ou variables, inventés pour un univers analogue peuvent quelquefois être remplacés en toute confiance par des modèles plus souples.
Il va de soi que tout cela modifie également la construction, jusqu’à la conception très concrète d’espaces de bureau. Il n’est plus nécessaire que chaque employé dispose d’un poste de travail fixe. Selon les jours, les options peuvent être très différentes. Chacun choisit en arrivant le matin son poste de travail pour la journée. Cela peut permettre d’économiser jusqu’à 20 % de surface de bureaux. L’employé va ensuite tranquillement récupérer ses données sur le Cloud. Les répercussions sur la conception de l’habitat sont encore plus importantes. Les plans devraient être conçus intelligemment de façon à pouvoir être facilement adaptés aux besoins. Bureau à domicile, maison intergénérationnelle, réduction ou agrandissement de la surface, changement d’affectation, tout cela doit être possible sans grands travaux. La numérisation et la plus grande souplesse des relations entre vie privée et vie professionnelle qui s’ensuit demandent plus que jamais des structures évolutives, également pour pouvoir réagir au manque de logements dans les grandes métropoles. Cela a enfin aussi une influence sur la ville, où de nouveaux concepts numériques pour repenser la mobilité doivent à l’avenir mener à de nouvelles infrastructures.
Les systèmes et les constructions globaux, Il est parfois difficile de séparer les tâches des architectes de celles des ingénieurs. Des systèmes techniques et technologiques de plus en plus sophistiqués exigent de plus en plus souvent des experts qui vont exploiter toutes les possibilités. Dans le secteur de la construction, il s’agit certes de plus en plus d’une bonne conception et d’une bonne association de matériaux, de structures porteuses complexes, de constructions légères et d’éléments de construction hautement performants. Ceci concerne par exemple la façade qui, en tant qu’enveloppe extérieure d’un bâtiment, doit souvent accueillir des technologies d’aération ou de production d’énergie. Pour des thématiques comme celles-ci, les architectes et les ingénieurs ont beaucoup de préoccupations communes, ce qui présuppose en fin de compte une planification globale, précoce et détaillée.
C’est ainsi seulement qu’il est possible d’éviter les erreurs de conception, lesquelles peuvent s’avérer irréversibles.
Le développement constant de technologies toujours nouvelles joue ici un rôle important. La conception de lignes basse tension destinées à des systèmes de bâtiments intelligents, de lignes spécialement réservées aux concepteurs de l’équipement technique des bâtiments ou de câbles de données pour un réseau Intranet ramifié concerne désormais beaucoup de corps de métier différents. De tels projets doivent faire l’objet d’un plan d’ensemble afin que les concepteurs ne s’y perdent pas et que cette complexité ne soit plus visible à la fin. Les outils numériques permettent en outre une conception qui s’éloigne de l’angle droit. Qu’il s’agisse d’une construction en bois, en béton ou en acier, la structure porteuse est souvent l’élément le plus important d’une ébauche originale. Architectes et ingénieurs sont donc tributaires d’une bonne collaboration.
Plus la construction est complexe, plus on constate par contrecoup une tendance à la simplification. Les facteurs-clés sont ici la préfabrication et la construction modulaire. De nombreux éléments de construction sont plus faciles et plus rapides à assembler à l’usine, si bien que sur le chantier, il ne reste plus qu’à les assembler comme les pièces d’un puzzle. Ceci permet non seulement d’économiser du temps et de l’argent, mais aussi d’augmenter la précision du travail et en fin de compte la qualité du bâtiment. Des systèmes semblables existent bien sûr déjà, mais le quotidien d’un chantier est généralement bien différent et plutôt classique. Cependant, il est difficile d’ignorer les systèmes de construction modulaires, sur la base de préfabriqués. A l’avenir, les systèmes de construction numériques qui transforment directement les données en éléments de construction fabriqués sur mesure, seront très utiles.
L’éclairage et le bâtiment intelligents
Le bâtiment lui-même devient de plus en plus numérique. Dans le bâtiment intelligent (Smart Building), tous les appareils sont connectés au sein d’un réseau
électrique intelligent (Smart Grid) et peuvent donc communiquer entre eux directement ou indirectement, par le biais de l’Internet des objets. Cela a plusieurs atouts : les flux énergétiques par exemple peuvent faire l’objet d’un contrôle optimal, l’énergie produite à partir de cellules photovoltaïques peut être distribuée selon les besoins ou même être stockée. Dans un réseau un peu plus important, il est également possible de redistribuer l’énergie superflue dans des bâtiments voisins. Ainsi, des quartiers entiers peuvent être interconnectés au sein d’un réseau intelligent, dans le but de consommer l’énergie là où elle a été produite.
Ce qui a surtout changé au cours de la dernière décennie, c’est l’utilisation de la lumière artificielle. La technologie LED, qui est devenue la norme dans les concepts d’éclairage, a révolutionné plus d’une fois toute la branche de l’éclairage. Aujourd’hui, l’éclairage à l’intérieur du bâtiment ne nécessite pas seulement moins d’énergie, mais aussi moins de place ; de plus, les LED, qui ont une durée de vie plus longue, exigent moins d’entretien. Tout cela a bien sûr des répercussions sur la planification électrique certes, mais aussi sur l’architecture. Les révisions du circuit électrique ne doivent plus être assurées par le concierge, un expert externe peut s’en charger tous les deux ou trois ans. L’accent peut donc être davantage mis sur l’aspect esthétique du concept éclairage. De célèbres concepteurs lumière font depuis longtemps partie des équipes chargées de la conception et même de la planification et les architectes les intègrent souvent très tôt dans leurs projets. Enfin, ils combinent l’apport de lumière artificielle avec le système de lumière naturelle et jouent donc un rôle central dans le processus de conception.
Dans le bâtiment intelligent, la lumière fait partie intégrante du réseau électrique intelligent dans lequel tous les appareils du bâtiment sont connectés entre eux. Il est donc possible de commander les stores bannes et de régler en même temps la lumière artificielle avec son smartphone, ou bien même de les associer pour programmer des lumières d’ambiance et des concepts éclairage. Des programmes de secours peuvent également être mis au point, en cas d’incendie par exemple. Dans un bâtiment intelligent, il n’y a (presque) pas de limites, il suffit que les différents éléments communiquent entre eux au sein du réseau électrique intelligent. Là où autrefois les travaux réalisés par différents corps de métier étaient gérés et pilotés par le concepteur, il faut aujourd’hui des spécialistes du bâtiment intelligent : des généralistes capables de combiner en un seul et même bâtiment intelligent toutes les technologies de hardware et de logiciels les plus modernes. Aussi l’utilisation de l’énergie sera-t-elle beaucoup plus consciente dans les bâtiments du futur, elle sera non seulement écologique, mais rationnelle, ingénieuse et intelligente.
La rédaction
A propos du salon
BAU, le Salon leader mondial pour l’Architecture, les Matériaux, les Systèmes, est la plus grande et la plus importante manifestation du secteur. La prochaine édition aura lieu du 14 au 19 janvier 2019 au Parc des Expositions de Munich. Environ 2200 exposants de 45 nationalités ainsi que plus de 250 000 visiteurs venus du monde entier y sont attendus.
Sur 200 000 m² de surface d’exposition – l’espace affiche complet depuis des années –, BAU présente dans 18 halls d’exposition l’architecture, les matériaux et les systèmes destinés à la construction et à la réhabilitation de bâtiments industriels et de logements ainsi qu’à l’aménagement intérieur. Il occasionne tous les deux ans une réunion unique au monde des leaders du marché à l’occasion de cette présentation plurifilière de leurs performances. L’offre est structurée en fonction des matériaux ainsi que des groupes de produits et des pôles thématiques.
BAU s’adresse à tous les professionnels de la planification ainsi que de la construction et de l’exploitation de bâtiments. Avec plus de 65 000 concepteurs, BAU est aussi le plus grand salon mondial destiné aux architectes et aux ingénieurs.
Les nombreuses manifestations attractives du programme-cadre, qui propose entre autres des forums de haut niveau auxquels prennent part des experts du monde entier, viennent compléter l’offre du salon.
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Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°164 – Août/Septembre 2018