Marrakech a accueillie du 20 au 24 novembre dernier, la 8ème édition du salon international des villes et des collectivités territoriales d’Afrique « Salon Africités », en marge du 8ème Sommet Africités. L’occasion pour la Fédération des Agences Urbaines du Maroc « MAJAL », d’organiser une session autour du thème « Planification urbaine et développement territorial : enjeux et opportunités pour les villes en Afrique ».
Sommet Africités est un évènement phare panafricain organisé par des cités et des gouvernements locaux africains. Il se tient tous les trois ans dans l’une des cinq sous-régions du continent. L’objectif majeur de cet événement d’envergure est de mobiliser à la fois les communautés et les autorités locales dans les pays africains, ainsi que les institutions financières, les groupes de la société civile et les partenaires de développement aux niveaux continental et international.
Cette année, en marge du 8ème Sommet Africités, qui a eu lieu à Marrakech du 20 au 24 novembre dernier, la Fédération des Agences Urbaines du Maroc – MAJAL, a organisé une session d’une journée autour du thème : « Planification urbaine et développement territorial : enjeux et opportunités pour les villes en Afrique ».
Cette thématique s’inscrit dans les champs d’intérêt de l’organisation des « Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique » (CGLU-Afrique). l’évènement a correspondu à 12 années d’exercice de la dite Fédération, et à la volonté conjuguée de ses membres et du ministère en charge de l’urbanisme, de mettre en réseau les trente agences urbaines que compte le Maroc.
En effert, MAJAL a choisi de se positionner à l’international. La Fédération avait clairement défini comme objectif principal de la session, l’opportunité du partage d’expériences en matière de planification et de développement territorial en Afrique, et la promotion d’axes de travail et de coopération dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Elle souhaite, ainsi, donner un caractère d’ouverture sur le continent Africain, avec lequel le Maroc entretient des relations privilégiées en termes de coopération et de partenariat. « Cette ouverture à l’international, … que nous avons entamé en 2016 dès l’adhésion de Majal au Réseau Mondial des Agences Urbaines, … doit s’inscrire dans le sillage des orientations du Maroc, … axées sur un partenariat Sud-Sud Africain, … qui permettra de consolider le potentiel des pays de notre continent par des échanges bilatéraux « win-win ». », a détaillé Khaddouj Guenou, la présidente de MAJAL, et la directrice générale de l’agence urbaine de Rabat-Salé, dans son allocution lors de ce Sommet.
Sachant que ses relations sont reflétées à travers la multitude de conventions signées entre le ministère de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville et les Etats partenaires, il est important de préciser que cette politique de coopération bilatérale, entre le Maroc et les pays africains, est régulièrement citée au niveau institutionnel, en particulier dans les discours Royaux qui ne manquent pas de relever, à l’instar de celui du 20 août 2017, les nombreux engagements pris dans le cadre d’un partenariat constructif.
Pareillement, plusieurs axes, d’intérêts commun ont été à l’ordre du jour de cette rencontre, portant aussi bien sur les outils et les instruments de la planification urbaine dans chaque pays, la problématique du foncier, la gouvernance, le financement, et les mécanismes de mise en œuvre. A savoir que l’ensemble de ces thématiques a été articulé dans les 3 panels :
• – Les enjeux et les défis de la planification urbaine et du développement territorial en Afrique
• – Les opportunités de la planification urbaine et du développement territorial en Afrique
• – Les partenariats en faveur de la planification urbaine et du développement territorial en Afrique.
MAJAL qui agit en sa qualité de fédération des Agences Urbaines du Maroc, et qui a pour principales missions : la mutualisation des compétences, expertises et savoir-faire en matière d’urbanisme, l’échange et le partenariat au niveau national et international, la communication et le partage des bonnes pratiques, et autres…a signé lors de cette session de nouvelles conventions entre la Maroc et divers pays africains.
Il faut savoir qu’aujourd’hui l’importance de la politique de coopération bilatérale entre le Maroc et l’ensemble des pays africains réside à relever les défis curieux pour développer l’avenir des villes en Afrique, à savoir : l’équité urbaine par l’accès à un logement décent, aux services de base et aux opportunités de développement pour tous, la promotion d’une planification urbaine maîtrisée, génératrice de richesses et d’emplois, l’intégration de la dimension environnementale dans la gestion et la planification urbaine, et la mobilisation pour la réduction des effets du changement climatique, et également la réduction des risques, dans un contexte de raréfaction de la ressource hydrique, de littoralité de nombreuses métropoles et de catastrophes naturelles.
En définitive, cette rencontre internationale en général, et cette session d’une journée a été pour MAJAL une sacrée opportunité d’échange et de partage des bonnes pratiques avec les pays africains qui ont participé à ce Sommet Africités, avec un objectif commun, celui de créer un partenariat constructif pour un avenir urbain meilleur pour tous.
A propos de MAJAL
Depuis sa création en 2006, le réseau MAJAL s’est enrichi par les générations des Agences Urbaines qui ont vu le jour dans le cadre de la politique de proximité adoptée par les pouvoirs publics. Au nombre de 30, ces institutions déconcentrées couvrent aujourd’hui la totalité du territoire national. MAJAL a pour principaux objectifs de favoriser le partenariat, la coopération nationale et internationale et les échanges d’information et d’expertise entre les autorités publiques chargées de l’urbanisme, les administrations, les organismes publics ou privés et les autres composantes de la société civile.
Les moments forts de la session organisée par MAJAL
• Les enjeux et les défis de la planification urbaine et du développement territorial en Afrique : Etat des lieux, développement des principes et d’une vision partagée pour un développement urbain durable – Instruments pour la gestion d’une urbanisation rapide – Gouvernance territoriale et gouvernance des projets – Amélioration des cadres institutionnel et réglementaire.
• Les opportunités de la planification urbaine et du développement territorial en Afrique : – Urbanisation accélérée et positionnement d’une Afrique des villes – Corrélation entre croissance urbaine et croissance économique – Concentration urbaine et pôles de croissance émergents – Développement des politiques de coordination aux différentes échelles territoriales.
• Partenariats en faveur de la planification urbaine et du développement territorial en Afrique : – Mise en réseau autour d’une plateforme d’intervention partagée – Articulation de l’approche partenariale aux programmes des organismes africains et multilatéraux opérant dans les villes – Promotion d’espaces de dialogue et de concertation sur la problématique des villes – Cadres de coopération et renforcement des capacités – Coopération Sud-Sud et cadres conventionnels.
Abdelahad Fassi-Fihri
Ministre de l’Aménagement du Territoire national,
de l’Urbanisme, de l’Habitat
et de la Politique de la Ville
« … Quatre enjeux majeurs sont à retenir pour une Afrique à même d’assurer une transition vers des villes et des territoires durables… »
«…En ce début de 21e siècle, c’est à l’enjeu d’un monde majoritairement urbain que nous devons faire face, évolution à laquelle ne fait pas exception le Maroc, à majorité urbaine depuis 1994, évolution confirmée par le recensement de 2014 avec plus de 60% d’urbains. Mais c’est aussi à la question de l’équité et de l’intégration urbaine qu’est confrontée la communauté internationale, un défi majeur que devront relever les pays du Sud. Si les villes sont aujourd’hui reconnues comme les moteurs de la croissance, atteignant 80 % du PIB dans les pays du Sud, elles sont aussi les lieux de la pauvreté et de l’exclusion, du sous-équipement et du sous-emploi, phénomène que résume, aux plans économique, social et spatial, la notion de fracture urbaine.
Trois facteurs expliquent cette tendance à l’échelle du continent :
• Une urbanisation accélérée, résultat de la croissance démographique et de l’exode rural;
• Un déficit d’emplois urbains décents;
• Une insuffisance dans la planification et la gestion maîtrisée des villes, objet de notre session.
Il faut à cet égard rappeler que la planification urbaine et territoriale est l’un des points clefs du Nouvel Agenda Urbain tel qu’adopté par la troisième Conférence des Nations Unies sur le Logement et le Développement Urbain Durable – Habitat III qui s’est tenue à Quito en 2016.
Habitat III constitue un tournant majeur pour l’avenir des villes, dans un monde marqué par les nouveaux défis de l’urbanisation. Dans cette dynamique, les Etats, les régions et les villes d’Afrique devront répondre à ces défis, en s’appuyant sur la feuille de route contenue dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement (ODD), notamment l’ODD 11 considéré comme l’ODD des villes : « Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables. »…La problématique de la planification urbaine et territoriale se trouve au cœur du Nouvel Agenda Urbain. Dans le contexte mondial d’une population majoritairement urbaine, ce sont avant tout dans les villes – du Sud en particulier – que les principaux défis sont à relever, en termes de stratégies urbaines mieux articulées aux politiques publiques nationales et locales, de décentralisation efficiente, de gouvernance locale participative et de réduction de la fracture urbaine.
Instrument incontournable pour des politiques nationales urbaines efficientes, nos pays devront notamment mettre en œuvre : (i) des stratégies urbaines maîtrisées, par des processus de prise de décision s’appuyant sur des objectifs économiques, sociaux, culturels et environnementaux ; (ii) l’application d’outils politiques, de mécanismes institutionnels et participatifs, et de procédures réglementaires adaptés aux contextes nationaux.
Aujourd’hui, quatre enjeux majeurs sont à retenir pour une Afrique à même d’assurer une transition vers des villes et des territoires durables :
• Les infrastructures, notamment en termes de transports et de communication, à l’instar de nombreux pays émergents tels que la Chine, la Corée et l’Indonésie;
• Les services de base : eau, assainissement, santé de base, éducation primaire, transports publics, sécurité;
• Des stratégies urbaines inscrites sur le long terme, dans une articulation entre aménagement du territoire et intégration économique et sociale. La majorité des villes africaines ne disposant pas de plans de développement, il est urgent de promouvoir des stratégies de développement qui articulent les instruments de la planification spatiale aux investissements, et renforcent la gouvernance et les capacités locales;
• Le logement, ou comment aider les populations à accéder au foncier et à des modes de financement adaptés à la construction d’un logement décent….Pays Arabe et Africain, le Maroc fait de la coopération Sud-Sud un axe de sa diplomatie, en particulier avec l’Afrique. Pour cela, nous devons engager une diplomatie des villes, dans le cadre de la coopération décentralisée, et l’instaurer à l’échelle de notre continent, en étroit partenariat avec CGLUA.
Véritable pacte à l’échelle du continent africain, ce partenariat peut s’articuler autour des axes suivants :
• La mise en réseau autour d’une plateforme d’intervention partagée;
• La promotion d’espaces de dialogue et de concertation sur les problématiques urbaines;
• Le développement de projets de coopération sur le renforcement des instruments de la planification urbaine et du développement territorial;
• L’association des collectivités locales aux cadres de partenariats institutionnels;
• La contribution au renforcement de la décentralisation par la promotion de la coopération décentralisée;
• L’encouragement des initiatives d’entreprises privées et développement du partenariat public-privé-population (PPPP).
Excellences, Mesdames, Messieurs, je conclurai pour dire que CGLUA et son forum Africités nous offrent, depuis vingt ans, un espace privilégié d’échange, de concertation et de coopération pour nos villes et nos régions. Je souhaiterais à cet égard réitérer l’appui du Royaume du Maroc en faveur d’un véritable pacte des villes et des territoires à l’échelle de notre continent pour construire, ensemble, l’ambitieux projet de L’Afrique que nous voulons. ».
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°167 – Décembre 2018