La consommation énergétique marocaine provient de plusieurs sources principales. En premier lieu, les produits pétroliers, le charbon, suivis de l’hydraulique, le gaz naturel, l’échange d’électricité et d’un petit pourcentage d’éolien. Afin de pouvoir répondre à la consommation énergétique marocaine en croissance (environ 7% par an), le royaume a adopté une stratégie nationale.
La stratégie énergétique nationale se traduit par la mise en œuvre de plans d’action à court, moyen et long terme. Leur vision à court terme, de 2009 à 2012, a visé l’équilibre offre-demande électrique par le renforcement de la capacité de production électrique et l’efficacité énergétique. La vision à moyen terme dans laquelle nous nous inscrivons, est prévue de 2013 à 2019. Il s’agit d’un mix énergétique basé sur des technologies robustes et économiques (charbon, montée en puissance des renouvelables et développement du Gaz naturel. Quant à la vision à long terme, de 2020 à 2030, elle propose des options ouvertes sur les énergies alternatives.
Ces plans sont amenés à soulever plusieurs défis, notamment entre 2014 et 2025. Il s’agit bien de la satisfaction de la demande énergétique qui suit un rythme de croissance soutenu et qui augmentera de 70% entre 2013 et 2025. Il y a également la gestion maîtrisée de la transition énergétique du Maroc qui prend en considération la nécessité de préserver l’équilibre du secteur.
Pour réussir le challenge, le programme de l’Efficacité Energétique (EE) agit sur plusieurs volets. Au niveau du bâtiment, il y a eu la mise en application, en novembre 2015, de la RTCM Règlementation techniques des constructions au Maroc fixant les règles de performances énergétiques des constructions.
Le programme EE prévoit également l’intégration de la planification énergétique au niveau de la planification communale et de l’aménagement urbain au niveau des villes. De même, le programme a instauré un projet pilote d‘éco-quartier au niveau de la ville d’Ouarzazate. Il vise l’intégration de mesures d’efficacité énergétique et énergies renouvelables au niveau de la rénovation de l’infrastructure du quartier. Du coté des établissements, le royaume a procédé à la mise en place d’un « mécanisme de promotion des énergies renouvelables et des mesures d’efficacité énergétique au service des produits touristiques ». Une convention a été signée, dans ce sens, en octobre 2014, entre le ministère de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement, le ministère du Tourisme, la Société d’investissements énergétiques, l’Agence de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, la Société marocaine d’ingénierie touristique et la Confédération nationale du tourisme.
Sur le plan industriel, le programme comprend la réalisation des audits énergétiques pour des entreprises industrielles, filières groalimentaire, chimie et parachimie. Un rajeunissement du parc de véhicules et une sensibilisation aux techniques d’efficacité énergétique ont été adoptés par le programme dans le secteur du transport. Le programme EE prévoit également la réalisation d’un projet pilote d’éclairage public alimenté par l’énergie solaire au niveau de la région de Fès, ainsi que le développement de la première SDL pour la gestion de l’éclairage public Sala Noor. Plus de 360 000 m² de chauffe-eaux solaires seront installés suite au programme. Les mosquées font également partie du plan, d’où le lancement de la 1ère phase du programme de mise à niveau énergétique des mosquées qui portera sur 1000 mosquées de petite, moyenne et grande taille. La Mosquée Assuna est le premier projet pilote.
Dans le but d’accompagner et assister ce programme, des mesures ont été prises. En premier lieu, l’opérationnalité du fonds pour le développement énergétique. Ce fonds a pris en charge le remboursement de la ristourne. 310 millions de dirhams qui ont été alloués pendant 3 ans à la tarification incitative sociale. Des incitations fiscales ont été mises en place comme la réduction à 2,5% des droits de douanes appliqués aux équipements performants comme les lampes basse consommation (LBC) et les voitures économiques et également la réduction de la TVA de 14 à 10% sur les équipements de chauffe-eaux solaires dans le cadre de la loi de finances 2015. L’efficacité énergétique est un défi prioritaire aujourd’hui pour tous les pays, surtout dans le contexte de crises économiques. C’est également une responsabilité collective qui nécessite la mobilisation de tous les opérateurs publics et privés, les organisations professionnelles, ainsi que l’ensemble des citoyens. Elle est une nouvelle révolution énergétique qui implique à la fois des changements technologiques et des comportements sociétaux nouveaux.
A moyen ou long terme, l’efficacité énergétique permettra de créer environ 36 000 emplois, d’éviter les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’environ 320 millions de tonnes d’émissions de CO2 en 2030, de développer de nouveaux marchés de produits et services de l’efficacité énergétique, de valoriser des plateformes industrielles et l’émergence d’un tissu industriel spécialisé et compétitif, de créer des filières spécialisées au sein des grandes écoles d’ingénieurs et des universités et de développer des concepts novateurs de financement
La rédaction
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n° 137 – Mars 2016