Situé en plein cœur de la principale artère de Laayoune, le siège de la BCP incarne les ambitions que cette banque nourrit pour la région du Sud. Ce nouvel édifice s’inscrit dans le cadre de la vision stratégique du Groupe Banque Populaire qui accorde l’autonomie nécessaire aux Banques Populaires Régionales (BPR) pour jouer pleinement leur rôle dans le développement économique local. Ce nouveau siège vise ainsi à accompagner l’essor que connaissent les provinces du Sud en général, et la ville de Laayoune en particulier, notamment sur le plan architectural et urbanistique.
Première banque à s’installer dans les provinces du Sud marocain en 1976, la BP est aujourd’hui la pionnière dans plusieurs domaines. Pour afficher sa modernité et affirmer sa position dans le paysage économique et architectural de la ville la plus importante du Sahara marocain, ce bâtiment se veut moderne et emblématique.
Au sud-ouest, sur sa façade principale donnant sur l’avenue Mekka, le bâtiment semble composé de plusieurs volumes en élévation. On distingue ainsi cinq volumes verticaux, plus ou moins étroits, traités de différentes façons, à la manière d’une composition de cadres et tableaux posés côte à côte en se chevauchant.
Sur la gauche, le premier volume, en retrait, est le moins élevé. Au rez-de-chaussée, on distingue l’entrée – assez discrète – de l’agence bancaire, et un distributeur automatique de billets. Il est habillé de blocs de pierre composite rose fixés sur une structure métallique. Deux fenêtres filantes horizontales, ceintes de blanc, se situent au-dessus de la porte, pour l’une, et en partie haute pour la seconde. Dans sa partie centrale, un volume blanc de biais traverse à 45 degrés la tranche du bâtiment.
Le deuxième volume, adossé à un mur de refend, est transparent et étroit. Il se lit comme une fente verticale vitrée, derrière laquelle on devine aisément deux ascenseurs panoramiques.
Le troisième, central, rose, presque aveugle, mis à part un alignement de cinq meurtrières en partie haute, cache la cage d’escaliers. Il est pourvu en son centre du logo de la banque : un cheval galopant, et le nom de l’établissement en toutes lettres, le tout en acier inoxydable éclatant, sur une peau de pierre composite mate rosée, elle-même clipsée sur une structure secondaire métallique. Une trame de petits points lumineux éclairent la façade. Le quatrième et le cinquième volume paraissent se superposer. Le premier, habillé de blanc, comporte au rez-de-chaussée l’entrée, en renfoncement, de la banque d’affaires. Dans sa partie centrale en VEC (Verre Extérieur Collé) se découpe un pentagramme distors et immaculé, emblème du drapeau national.
Le dernier, enfin, dans un cadre de pierre rose, est découpé en cinq parties horizontales délimitées par des débords de dalle blancs, supportant chacun quatre panneaux de structure en métal, dont le dessin rappelle des éclats de verre ou des angles d’étoiles éclatées et dématérialisées. Ce moucharabieh métallique permet une circulation de l’air, filtre la lumière, et permet également aux espaces vitrés derrière la résille métallique de bénéficier d’un plus grand confort thermique.
En plan, l’édifice s’organise autour d’un patio central au toit vitré, accordant lumière et aération naturelles au sous-sol ainsi qu’au cœur du bâtiment. Il est revêtu au sol de planches de bois exotique, et bordé de part et d’autre de granite noir poli et de deux jardinières de cactées, de gravillons et de galets, requérant très peu d’arrosage. Au centre, quatre petits ficus au tronc tressé sont taillés en boule.
La façade sud-est, entièrement parée de pierre rose, se découpe en trois parties, dont la centrale est légèrement enfoncée. La partie gauche est très peu ajourée, et animée d’étroites fentes verticales et horizontales, et de lames blanches de formes similaires. La partie centrale est tramée de quatre ouvertures régulières par étage, aux brise-soleil tantôt horizontaux, tantôt verticaux. La troisième partie est, quant à elle, percée de cinq meurtrières par étage.
La façade nord-ouest est en majeure partie composée d’ouvertures horizontales en VEC. Sur sa partie gauche, elle est habillée de lamelles métalliques denses, faisant office de brise-soleil. Le volume habillé de pierre composite blanche, traversant à 45 degrés l’angle de la façade principale, ressort ici de biais, dévoilant deux ouvertures vitrées en bandeau.
Probablement en référence à l’histoire de la ville ainsi qu’à son patrimoine architectural colonial, le langage constructif emprunté aux édifices fortifiés est ici clairement suggéré (usage de la pierre, meurtrières, crénelages en partie haute). L’habillage en pierre composite rose mate rappelle également l’architecture locale en terre.
Avant la marche verte, en 1975, la ville était un poste militaire espagnol comptant 6000 habitants permanents. Elle n’était, avant 1930, qu’un point de ravitaillement en eau des caravanes de passage. Désormais, ce chef-lieu des provinces du Sud compte près de 200 000 habitants. Etant l’une des rares villes à disposer d’un schéma directeur d’aménagement urbain (SDAU) homologué, Laayoune est aujourd’hui un véritable chantier à ciel ouvert. Elle est en pleine expansion, grâce à l’aide du gouvernement.
Des actions de restructuration de la zone, et de réhabilitation du patrimoine architectural sont en cours et, en parallèle, des projets d’architecture contemporaine voient le jour.
Architectes : Aziz Mennane et Rachid Essadani
Auteur : Salwa BOUCHAREB
C.photos : BP
Paru dans A+E Architecture et environnement au Maroc #7 //2015