La situation exceptionnelle de » hôtel Quemado » a été une source d’inspiration pour les architectes paysagistes. Profitant du dénivelé, ils ont su mettre à profit, en harmonie avec l’architecture, chaque petite parcelle de terrasse.
Incrusté dans la falaise dominant la plage centrale de Al Hoceima, l’hôtel Quemado offre une vue imprenable sur la Méditerranée. Abrité dans un écrin de végétation locale, généreuse et colorée, il fait écho, telle une onde, à l’implantation du bâti, magnifiant le relief très marqué du site. Les accès et les cadrages sontimplantés de manière à préserver le panorama exceptionnel et favoriser la lisibilité du site. La hauteur et la forme des végétaux ont été définies pour offrir une vue dégagée sur la mer depuis chaque logement. Le bleu turquoise des eaux limpides est repris sur les murs des chambres, associé aux teintes chaudes et vives de la région. Les feuillages et les fleurs qui accompagnent cette palette colorée typiquement marocaine sont renforcés par une pointe d’exotisme autour des lieux les plus fréquentés, comme la terrasse de la piscine. Ces parterres forment une mosaïque jardinée, un tapis végétal en osmose avec le bâti.
L’aménagement en terrasses imbriquées s’ouvre au visiteur et déploie une promenade en belvédère, naturellement cadrée par les falaises ocres d’Al Hoceima.
L’utilisation de pierres locales en parement de tous les murs de soutènement assure une continuité dans la lecture du paysage de l’hôtel et celui de la côte rocheuse. Les plus gros blocs de pierres existants ont d’ailleurs été préservés et intégrés dans l’aménagement, renforçant le caractère authentique du lieu.
Le jardin de l’hôtel est un voyage. Il forme un cheminement ininterrompu qui accueille et guide le visiteur en suivant les courbes de niveaux. Il constitue un accompagnement en douceur pour rejoindre la plage, agrémenté de parterres de fleurs, en décaissés ou surélevés par des murets. Dans la mesure du possible, la végétation existante a été conservée ou transplantée. Ces mesures écologiques sont renforcées par le choix des espèces végétales, principalement héliophiles et résistantes à la sécheresse, permettant de gérer la ressource en eau de façon économe.
De la même manière, pour limiter l’arrosage, aucune surface engazonnée n’est prévue. La récupération des eaux de pluie pour l’irrigation naturelle des massifs s’effectue grâce à de larges joints végétalisés et drainants intégrés dans le revêtement. Ils participent fonctionnellement à la dilatation des surfaces minérales et agrémentent esthétiquement la promenade. Gérer les eaux de ruissellement est un enjeu majeur : les stationnements ont été préconisés en surface minérale type gravillons locaux sur dalle perméables en nid d’abeilles, afin de garantir stabilité et pérennité, et optimiser l’infiltration.
Les aménagements paysagers de l’hôtel Quemado associent harmonieusement la mise en valeur du paysage local aux techniques de développement durable.
Par D PAYSAGE
© Sife El AMINE
Paru dans A+E Architecture et environnement au Maroc #2014