L’ancienne médina de Rabat, qui vient de faire peau neuve, retrouve sa splendeur architecturale à la faveur d’une vaste opération de réaménagement visant à consacrer le rayonnement culturel et touristique de ce quartier animé de la capitale.
L’ancienne Médina de Rabat, à l’instar de plusieurs Médina de différentes villes du Royaume, connait actuellement des changements profonds qui visent à réhabiliter une composante essentielle du tissu urbain et architectural de la capitale du Royaume et à renforcer son attractivité touristique pour lui permettre de retrouver sa splendeur et sa beauté et ainsi garantir la sûreté de ses habitants.
Les travaux de restauration des différents espaces de la Médina et de réhabilitation des bâtiments menaçant ruine visent à réaliser un rayonnement économique et culturel en harmonie avec tous les chantiers de développement que connait la capitale aspirant à devenir « une ville lumière » et un centre de rayonnement culturel capable de renforcer le dynamisme touristique. Dans ce sens, le président du Conseil de la Région de Rabat-Salé-Kénitra, Abdessamad Sekkal a souligné, lors d’un entretien accordé à la MAP, qu’il est temps pour la capitale de devenir une ville d’attraction touristique et non pas une ville de transit, notant que la protection de la Médina constitue une nécessité eu égard au rôle essentiel qu’elle joue en matière de préservation du patrimoine culturel, de l’identité nationale et de l’histoire d’une part, et au fait qu’elle constitue un espace de vie des habitants d’autre part.
M. Sekkal a également précisé qu’il est nécessaire d’améliorer les conditions de logement des habitants de la Médina et de se concentrer sur le renforcement de la sureté des bâtiments menaçant ruine, rappelant la signature récemment d’une convention relative à la restauration de l’habitat menaçant ruine dans l’ancienne médina de Rabat, d’une enveloppe budgétaire globale de 130 millions de DH.
Cette convention pour le financement et l’exécution d’un programme relatif au traitement de ce genre d’habitat puise ses fondements dans les Hautes Directives de SM le Roi Mohammed VI et l’intérêt que porte le Souverain à l’intervention dans les anciennes médinas du Royaume en vue d’entretenir leurs bâtisses et d’améliorer les conditions de vie de leur population, a expliqué M. Sekkal.
Ce programme prévoit également des travaux de restauration, de réhabilitation de l’ancienne Médina de Rabat et ses principaux quartiers, ainsi que le renforcement de son infrastructure et tous ses bâtiments menaçant ruine, a-t-il dit relevant également qu’un parking à proximité de la Médina de Rabat a également été aménagé pour permettre aux citoyens de stationner en dehors des murs de la Médina, de promouvoir et développer les activités économiques et commerciales dans ce quartier à travers la construction de voies d’accès.
M. Sekkal a également souligné la contribution du Conseil de la Région au financement du Programme « Rabat, Ville des lumières », dotée d’une enveloppe budgétaire de 200 millions de DH et du Programme de réaménagement de la vallée de Bouregreg, dont une partie concerne les Médina de Rabat et Salé de plus de 129 millions de DH.
Sur le plan social, le président du conseil régional a jugé nécessaire de veiller à ce que toutes les composantes de la société bénéficient des fruits du développement, et ce en permettant aux habitants de la Médina de conserver leurs foyers. Au niveau culturel, il a plaidé pour la préservation du patrimoine culturel et architectural de la Médina et de ses gravures et décorations.
Rabat : une ville plus que millénaire
Occupé depuis la période préhistorique puis antique, c’est avec les almohade (XII° siècle) que le site de Rabat connaîtra le début d’un parcours historique continu et extraordinaire fait de rayonnement et d’activité. Partie d’un simple Ribat (couvent fortifié) édifié pour contrecarrer les offensives des Bourghwata, le site sera aménagé sous Abdemoumen en Kasbah (forteresse) et en fait un point d’appui pour le camp des guerriers en route pour la conquête islamique de l’Espagne. Son petit-fils Ya’coub el Mansour voulu faire de Rabat (Ribat-al fath) une capitale de son royaume et entrepris les travaux de fondation de la ville. Une vaste enceinte fut élevée ainsi que d’autres monuments dont la célèbre mosquée de Hassan avec sa tour inachevée. En dépit des tentatives mérinides pour relever la ville qui périclitait depuis le XIVème siècle notamment par la construction de la nécropole royale sur le site de Chellah, la ville de Rabat déclinait toujours. L’arrivée massive des réfugiés musulmans venus d’Espagne à partir de 1609 donna un regain de vie à Rabat.
Les nouveaux venus occupèrent l’emplacement de l’actuelle médina qu’ils dotèrent d’enceinte, qu’on appellera désormais muraille andalouse, et pris le nom de sala (salé) la neuve. C’est dans cette conjoncture que les villes des deux rives du Bou Regreg, Salé et Rabat, se réunissaient en une seule république morisque et pris la forteresse des Oudaya (Kasbah) comme capitale. Cette entité entreprit une large et intense activité maritime basée sur la piraterie qui bouscula les Européens jusqu’en 1829. En 1912 Rabat sera choisie être la capitale administrative du Royaume du Maroc.
Source : Ministère de la culture
Paru dans CDM Chantiers du Maroc n°163 – Juillet 2018